La soupe à la brochette


Suppe von einem Wurstspeiler


I
Ecoutez quel festin exquis nous avons fait hier! dit une vieille souris à une de ses commères qui n'avait pas assisté au repas. Je me trouvais la vingtième à gauche de notre vieux roi; j'espère que c'était là une place honorable. Cela doit vous intéresser de connaître le menu. Les entrées se suivaient dans un ordre parfait: du pain moisi, de la couenne, du suif, et, pour le dessert, des saucisses entières; et puis cela recommença une seconde fois. C'est comme si nous avions eu deux repas. On était tous de joyeuse humeur; on disait des niaiseries. « Tout fut dévoré; il ne resta que les brochettes des saucisses. Une de mes voisines rappela la locution proverbiale: soupe à la brochette, qu'on appelle aussi soupe au caillou dans d'autres pays. Tout le monde en avait entendu parler; personne n'en avait goûté, et encore moins ne savait le préparer. « On porta un toast fort spirituellement tourné à l'inventeur de cette soupe. « Le vieux roi se leva alors, et déclara que celle des jeunes souris qui saurait faire cette soupe de la façon la plus appétissante deviendrait son épouse, serait reine: il donna un délai d'un an et un jour pour se préparer à l'épreuve. » L'idée n'est vraiment pas mauvaise, dit la commère. Mais comment peut-on préparer cette bienheureuse soupe? Oui-da, comment s'y prendre? C'est ce que se demandent toutes nos jeunes demoiselles de la gent souricière, et les vieilles aussi. Toutes voudraient bien être reine; mais ce qui les effraye, c'est que, pour trouver la fameuse recette, il faut quitter père et mère et se lancer, à l'aventure, à travers le vaste monde. Qui sait si, à l'étranger, on trouve tous les jours son content de croûtes de fromage ou de couennes? Il est probable qu'on y doit souffrir la faim; puis l'on risque fort d'être croqué par le chat. Et, en effet, cette vilaine perspective refroidit vite l'ardeur des jeunes souricelles; il n'y en eut que quatre qui se présentèrent pour tenter l'expérience. Elles étaient jeunes, gentilles et alertes, mais pauvres. Chacune se dirigea vers un des points cardinaux; on leur souhaita à toutes bonne chance. Elles partirent au commencement de mai; elles ne revinrent que juste un an après, mais trois seulement; la quatrième manquait; elle n'avait pas non plus donné de ses nouvelles. Le jour fixé était arrivé. Tout plaisir est mêlé de quelque peine, dit le roi; la pauvre petite aura péri. Puis il donna l'ordre de convoquer, dans une vaste cuisine, toutes les souris à bien des lieues à la ronde. Les trois souricelles étaient placées à part, sur le même rang; à côté d'elles, une brochette recouverte d'un voile noir, en souvenir de la quatrième, qui n'avait pas reparu. Il fut ordonné que personne ne pourrait émettre un avis sur ce qui allait se dire, avant que le roi eût exprimé son opinion.
II CE QUE LA PREMIERE SOURICELLE AVAIT VU ET APPRIS DANS SES VOYAGES
Je commençai par m'embarquer sur un navire qui vogua vers le nord. Je m'étai laissé dire que le maître queux était un habile homme, qui savait se tirer d'affaire, et que sur mer, en effet, il fallait pouvoir faire la cuisine avec peu de chose. « Peut-être, m'étais-je dit, sera-t-il obligé de faire la soupe avec une brochette; nous verrons alors comme il s'y prendra. » Mais, pas du tout; il y avait là quantité de tranches de lard, de gros tonneaux de viande salée et de belle farine.
Ma foi, je vécus dans l'abondance; il ne fut pas question de faire de la soupe à la brochette. Nous naviguâmes bien des nuits et des jours; le navire dansait effroyablement. Enfin nous arrivâmes à destination, tout à l'extrême nord. Je quittai le navire et m'élançai à terre. Je vis devant moi de grandes et épaisses forêts de sapins et de bouleaux; une forte odeur de résine s'en dégageait. D'abord je crus que cela sentait le saucisson; je me précipitai vers le bois; mais tout ce que j'y gagnai, ce fut un rude éternuement. En m'avançant, je trouvai de grands lacs. De loin, on croyait que c'était une immense mare d'encre; mais, de près, l'eau en était claire et limpide.
Une troupe de cygnes s'y tenait immobile. D'abord je pensai que c'était un amas d'écume; mais ils sortirent de l'eau, et je les reconnus. Moi, je me tins aux bêtes de mon espèce. Je me liai avec des souris des champs et des bois; mais elles ne savent pas grand-chose, surtout en matière d'art culinaire. Lorsque je leur parlai de la soupe à la brochette elles déclarèrent que la chose était une pure impossibilité; je vis bien qu'elles ne connaissaient pas le secret que je poursuivais.
Mais elles m'apprirent pourquoi l'odeur était si forte dans la forêt, pourquoi plantes et fleurs étaient si aromatiques. Nous étions au mois de mai, en plein printemps. Près de la lisière de la forêt, s'élevait une grande perche, haute comme le mât d'un navire; tout en haut, des couronnes de fleurs, des rubans de couleur étaient attachés: c'était l'arbre de mai. Les garçons de ferme et les servantes dansaient autour, au son d'un violon qu'ils accompagnaient en chantant à tue-tête.
J'allai me blottir à l'écart, dans une touffe de belle mousse bien douce; la lune donnait en plein sur ce tapis vert, couleur qui repose les yeux quand on les a fatigués. Tout à coup je vis surgir autour de moi toute une troupe de charmantes petites créatures; elles étaient conformées comme des hommes, mais mieux proportionnées. C'étaient des elfes: ils portaient de magnifiques habits, taillés dans les feuilles des plus belles fleurs, garnis avec les ailes des plus brillants scarabées;
c'était une délicieuse variété de couleurs. Ils avaient tous l'air de chercher quelque chose dans l'herbe; quelques-uns s'approchèrent de moi. Voilà juste ce qu'il nous faut, dit un des plus gentils de ces elfes, en montrant ma brochette, que je tenais dans ma patte. Et, plus il regardait mon bâton de voyage, plus il en paraissait enchanté. Je veux bien le prêter, dis-je, mais il faudra me le rendre. Rendre! rendre! s'écrièrent-ils en choeur. Et ils saisirent la brochette, que je leur abandonnai. Ils s'en allèrent en dansant vers un endroit où la mousse n'était pas trop touffue.
Là ils fichèrent en terre ma brochette. Maintenant je compris ce qu'ils voulaient: c'était d'avoir aussi leur arbre de mai. Ils se mirent à le décorer; jamais je ne vis pareille magnificence. Des petites araignées vinrent couvrir le petit bâton de fils d'or, et y suspendirent des bannières finement tissées, qui volaient au vent; au clair de la lune, la blancheur en était si resplendissante, que j'en eus les yeux éblouis. Puis ces industrieuses bestioles allèrent prendre les couleurs les plus éclatantes aux ailes des papillons endormis, et vinrent en barioler leurs charmants tissus.
Quelques pétales de fleurs, quelques gouttes de rosée qui brillaient comme des diamants, furent placés çà et là avec goût. Je ne reconnaissais plus ma brochette; jamais il n'y eut sur cette terre d'arbre de mai comparable à celui- là. On alla quérir les elfes pour qui on avait préparé toutes ces merveilles, les seigneurs et les belles dames; ceux que j'avais d'abord vus n'étaient que des serviteurs. On m'invita à m'approcher pour jouir de la fête, mais pas trop près, car, en remuant, j'aurais pu écraser de mon poids quelqu'un de la société. Les danses commencèrent.
Quelle délicieuse musique j'entendis alors! A travers tout le bois résonnaient des chants d'oiseaux. C'était un son plein et harmonieux, et fort comme celui d'un millier de cloches de verre. Le tout était accompagné du doux susurrement des branches d'arbre; je distinguai aussi le tintement des clochettes bleues qui étaient suspendues à ma brochette, qui, elle-même, frappée avec une tige de fleur par un des elfes, rendait le son le plus mélodieux. Jamais je n'aurais cru la chose possible.
Ce petit bâton devenait un instrument de musique: tout dépend de la façon dont on s'y prend. J'étais transportée, touchée jusqu'aux larmes; quoique je ne sois qu'une petite souris, j'ai la sensibilité vive, et je pleurai de joie. Que la nuit me parut courte! Mais en cette saison, il n'y a pas à dire, le soleil se lève de bon matin. A l'aurore vint un coup de vent, qui emporta dans les airs toute cette splendide décoration de l'arbre de mai; encore un instant, et tout cela disparut.
Six elfes vinrent poliment me rapporter ma brochette, me remerciant beaucoup, et ils demandèrent si, en retour du service que je leur avais rendu, je ne voulais pas exprimer un voeu; que, s'il était en leur pouvoir de l'accomplir, ils le feraient bien volontiers. Je saisis la balle au bond, et je les priai de me dire comment se prépare la soupe à la brochette. Mais tu viens de le voir, répondit le chef de la bande. Tu ne reconnaissais plus ton petit bâton; tu as bien vu tout le parti que nous en avons tiré. Mais je ne parle pas an figuré, répliquai-je. C'est d'une véritable soupe qu'il s'agit.
Et je leur contai toute l'histoire. Vous voyez bien, ajoutai-je, que le roi des souris ni son puissant empire ne sauraient tirer aucun profit de toutes les belles choses dont vous avez orné ma brochette, même si je pouvais les reproduire; ce serait un charmant spectacle, mais bon seulement pour le dessert, quand on n'a plus faim. Alors le petit elfe plongea son petit doigt dans le calice d'une violette et le promena ensuite sur la brochette: Fais attention, dit-il. Quand tu seras de retour auprès de ton roi, touche son museau de ton bâton, sur lequel tu verras éclore, même au plus froid de l'hiver, les plus belles violettes. Comme cela je t'aurai au moins fait un petit don en récompense de ta complaisance, et même j'y ajouterai encore quelque chose.
A ces mots, la souricelle approcha la brochette de l'auguste museau de son souverain et, en effet, le petit bâton se trouva entouré du plus joli bouquet de violettes; c'était une odeur délicieuse; mais elle n'était pas du goût de la gent souricière, et le roi ordonna aux souris qui étaient près du foyer de mettre leurs queues sur les restes du feu, pour remplacer cette fade senteur, bonne, dit-il, pour les hommes tout au plus, par une agréable odeur de roussi. Mais, dit alors le roi, le petit elfe n'avait-il pas promis encore autre chose? Oui, répondit la souris, il a tenu parole. C'est encore une jolie surprise du plus bel effet:
« Les violettes, dit-il, c'est pour la vue et l'odorat, je vais maintenant t'accorder quelque chose pour l'ouïe. » Et la souris retourna sa brochette. Les fleurs avaient disparu; il ne restait plus que le petit morceau de bois. Elle se mit à le mouvoir comme un bâton de chef d'orchestre et à battre la mesure. Dieu! quelle drôle de musique on entendit! Ce n'étaient plus les sons divins qui avaient retenti dans la forêt pour le bal des elfes; c'étaient tous les bruits imaginables qui peuvent se produire dans une cuisine.
Les souris étaient tout oreille. On entendait le pétillement des sarments, le ronflement du four, le bouillonnement de la soupe, le crépitement de la graisse, le bruit continu d'une pièce de viande qui rôtit et se rissole. Soudain on aurait dit qu'un coup de vent venait d'activer le feu, de façon que pots et casseroles débordèrent, et ce qui en tomba sur les charbons fit un grand tintamarre. Puis plus rien, silence complet. Peu à peu commença un léger bruit, comme un chant doux et plaintif; c'est la bouilloire qui s'échauffe: le son devient plus fort, l'eau entre en ébullition.
C'est de nouveau un bacchanal produit par une douzaine de casseroles, les unes en majeur, les autres en mineur. La petite souris brandit son bâton avec une rapidité de plus en plus grande: les pots écument, jettent de gros bouillons qui produisent un gargouillement bruyant; tout déborde, tout se sauve, c'est comme un sifflement infernal. Puis un nouveau coup de vent passe par la cheminée. Hou! hah! quel fracas! La petite souris, effrayée, laisse tomber son bâton. On n'entend plus rien. En voilà une fameuse cuisson! dit le roi. Allons, qu'on serve la soupe! Mais c'est là tout, répondit la souris; la soupe est partie tout entière dans le feu. C'est une mauvaise plaisanterie, dit le roi. Allons, à la suivante.
III CE QUE RACONTA LA SECONDE SOURICELLE
Je suis née dans la bibliothèque du château, dit la seconde petite souris. Il y a comme un sort sur notre famille: presque aucune de nous n'a le bonheur de pénétrer jusqu'à la salle à manger ou jusqu'à l'office, objet de tous nos désirs. C'est aujourd'hui pour la première fois que j'entre dans cette cuisine. Cependant, pendant mon voyage, j'ai fréquenté plusieurs de ces lieux de délices. Dans cette fameuse bibliothèque qui fut mon berceau, nous eûmes souvent à souffrir de la faim; mais nous y acquîmes une belle instruction.
La nouvelle du concours ouvert par ordre du roi, pour la découverte de la recette de la soupe à la brochette, arriva jusqu'à nous. Ma vieille grand-mère se souvint qu'un jour elle avait entendu un des serviteurs de la bibliothèque lire tout haut, dans un des livres, ce passage: « Le poète est un magicien; il peut faire de la soupe rien qu'avec une brochette. » Ma grand-mère me demanda si je me sentais poète; je ne savais même pas ce que cela pouvait être. Allons, me dit-elle, il te faut voyager, et tâcher d'apprendre comment l'on devient poète.
C'est au-dessus de mes moyens, répliquai-je. Mais ma grand-mère, qui avait souvent écouté ce qu'on lisait dans la bibliothèque, me dit que, d'après les plus savantes autorités, il y avait trois ingrédients pour faire un poète: de l'intelligence, de l'imagination et du sentiment. Si tu te procures ces trois choses, dit- elle, tu seras poète, et alors il te sera facile de préparer cette fameuse soupe. Je partis donc en voyage, à la quête de ces trois qualités; je me dirigeai vers l'ouest.
L'intelligence, m'étais-je dit, est la principale des trois; les deux autres sont bien moins estimées dans ce monde: donc je m'attachai à acquérir d'abord l'intelligence. Mais où la trouver? « Regarde la fourmi, et tu apprendras la sagesse », a dit un certain roi des Israélites, comme ma grand-mère l'avait encore entendu lire. Donc je marchai sans m'arrêter, jusqu'à ce que j'eusse rencontré la première grande fourmilière. Là, je me mis aux aguets, pour saisir la sagesse au gîte.
Les fourmis sont un petit peuple bien respectable; elles ne sont qu'intelligence d'outre en outre. Tout, chez elles, se passe comme un problème de mathématique qui se résout bien méthodiquement. Travailler, travailler sans cesse et pondre des oeufs, c'est là, disent-elles, remplir ses devoirs vis-à-vis du présent et de l'avenir, et elles ne font pas autre chose.
Elles se divisent en supérieures et en inférieures; le rang est marqué par un numéro d'ordre; la reine porte le numéro un. Son opinion est la seule vraie; elle possède infuse la quintessence de la sagesse. C'était de la plus haute importance pour moi; il ne s'agissait plus que de reconnaître la reine au milieu de ces milliers de petites bêtes. J'entendis rapporter plusieurs propos d'elle qui témoignaient en effet d'une raison supérieure; car ils apparurent absurdes à ma pauvre cervelle.
Elle prétendait que sa fourmilière était ce qu'il y avait de plus élevé dans ce monde. Cependant, tout à côté se trouvait un arbre qui dépassait la fourmilière d'une centaine de pieds; mais on n'en parlait jamais et, comme les fourmis sont aveugles, le dire de la reine passait pour la vérité même. Un soir, une fourmi égarée se mit à grimper sur l'arbre et, sans monter jusqu'à la cime, parvint cependant plus haut qu'aucune de ses soeurs n'était jamais montée.
Lorsqu'elle fut de retour, elle parla de son ascension, et déclara que l'arbre lui semblait bien plus élevé que la fourmilière; cela fut regardé comme une offense à l'honneur de la communauté, et la pauvre fourmi se vit condamnée aux travaux les plus pénibles, tels que charrier les insectes morts, etc. Mais quelque temps après, une autre fourmi se fourvoya également sur l'arbre. Rentrée au bercail, elle parla de son excursion avec prudence et amphibologie, laissant cependant deviner, à qui voulait comprendre, que l'arbre était plus haut que la fourmilière.
Comme elle était très considérée, qu'elle était une des dignitaires de la cour, loin de la persécuter comme la première, on plaça sur sa tombe, lorsqu'elle mourut, une coquille d'oeuf en guise de monument, pour éterniser le souvenir de son courage et de sa science. Avec tout cela, je n'avais pu encore découvrir la reine, et j'étais toujours en observation. Je remarquai que les fourmis portaient de temps en temps leurs oeufs à l'air pour les mettre au soleil.
Un jour j'en vis une qui ne pouvait plus ramasser son oeuf pour le rentrer. Deux autres accoururent pour l'aider; mais elles étaient elles-même chargées chacune d'un oeuf; en secourant leur compagne, elles faillirent laisser tomber leur fardeau. Aussitôt elles s'en furent, laissant la pauvrette dans l'embarras. Voilà qui est bien agi, c'est la sagesse même, entendis-je une voix s'écrier; chacun est son plus proche prochain. Nous autres fourmis, nous ne nous y trompons jamais; nous naissons toutes raisonnables.
Cependant, parmi nous toutes, c'est moi qui ai la plus haute raison. A ces mots je vis, au milieu de la foule qui grouillait, une fourmi se dresser orgueilleusement sur ses pattes de derrière. Il n'y avait pas à s'y tromper, c'était la reine. Je la happai d'un coup de langue et je l'avalai. Je possédais donc la sagesse et l'intelligence. Ce n'était pas assez. Je me mis à mon tour à grimper sur l'arbre qui ombrageait la fourmilière: c'était un beau chêne, déjà plus que séculaire; il avait à sa cime une magnifique couronne.
Je savais par ma grand-mère que les arbres sont habités par des êtres particuliers, des dryades, une nymphe qui naît avec l'arbre et qui meurt avec lui. En effet, au sommet, dans un creux de l'arbre, se trouvait une jeune fille d'une beauté surhumaine, ce qui ne l'empêcha pas de pousser un cri d'effroi en m'apercevant. Comme toutes les femmes, elle avait peur des souris; de plus, elle savait que j'aurais pu ronger l'écorce de l'arbre auquel son existence était attachée.
Je lui dis de bonnes paroles et la rassurai sur mes intentions; elle me prit dans la main et me caressa doucement. Je lui contai pourquoi je m'étais hasardée à courir le monde. Elle me promit que le soir même, peut-être, je posséderais une des deux choses qui me manquaient pour devenir poète. Le beau Phantasus, dit-elle, le dieu de l'imagination, vient souvent se reposer sur ce chêne, dont il aime le tronc noueux et puissant, les fortes racines, la majestueuse couronne qui, en hiver, brave la tempête et les neiges, et en été, forme ce magnifique dôme de verdure d'où l'on domine le vaste paysage que tu vois devant toi.
Les oiseaux, qui y abondent, chantent leurs aventures dans les contrées lointaines; la cigogne dont le nid est accroché là-bas, à la seule branche morte, nous raconte même les merveilles du pays des Pyramides. « Tout cela plaît à Phantasus; il aime aussi à m'entendre faire le récit de ma vie. Tout à l'heure il doit venir me voir. Cache-toi en bas, sous cette touffe de muguet; je trouverai bien moyen, pendant qu'il sera perdu dans ses rêveries, de lui arracher une petite plume de son aile; jamais poète n'en aura eu de pareille. »
Et, en effet, le brillant Phantasus arriva; la bonne dryade lui enleva une plume de ses ailes aux mille couleurs, et me la donna. Je la mis dans l'eau pour la rendre moins coriace, puis, avec assez de peine encore, je la rongeai. Je me trouvai donc posséder intelligence et imagination; restait le sentiment. Je retournai à la bibliothèque; je savais qu'elle contenait beaucoup de ces bons romans qui sont destinés à délivrer les humains de leur trop plein de larmes, et qui sont comme des éponges pour pomper les sentiments. Je me souvenais qu'on les reconnaissait à l'air appétissant du papier.
J'en attaquai un, puis un second; je commençai à ressentir dans tout mon être des tressaillements étranges. J'en dévorai un troisième: j'étais poète; il n'y avait plus à en douter. J'avais des maux de tête, des maux de ventre, des douleurs partout; j'étais dans une agitation continuelle. Et, maintenant, comment faire la soupe à la brochette? Mon imagination me fournit force situations, histoires, anecdotes, proverbes où se trouve une brochette, ou ce qui y ressemble, un bâtonnet, un petit morceau de bois. Rien de plus amusant et de plus récréatif; c'est bien mieux qu'une vraie soupe.
Ainsi, je vais commencer par narrer à Votre Majesté le conte où, d'un coup d'une petite baguette, la bonne fée transforma Cendrillon et tous les objets de la cuisine; demain ce sera une autre histoire, et ainsi de suite. Assez de toutes ces fadaises, ce sont viandes creuses! s'écria le roi. A la suivante! Psch, psch! entendit-on tout à coup. Une petite souris, la quatrième de la bande, celle qu'on avait crue morte, venait d'entrer dans la cuisine. Elle se précipita comme une flèche au milieu de l'assemblée, renversant la brochette couverte d'un crêpe, qui avait été placée là en son souvenir.
IV CE QUE DIT LA QUATRIEME SOURIS LORSQU'ELLE PRIT LA PAROLE AVANT LA TROISIEME
Je me suis tout d'abord rendue dans la capitale d'un vaste pays, pensant que dans une grande ville je trouverais plus facilement des renseignements utiles. Comme je n'ai pas la mémoire des noms, j'ai oublié celui de cette ville. J'avais fait le voyage dans la charrette d'un contrebandier; elle fut saisie et conduite au palais de justice. Je me glissai en bas et me faufilai dans la loge du portier. Je l'entendis causer d'un homme qu'on venait d'amener en prison pour quelques propos inconsidérés contre l'autorité.
Il n'y a pas là de quoi fouetter un chat, dit le portier. C'est de l'eau claire comme la soupe à la brochette: mais cela peut lui coûter la tête. A ces mots je dressai les oreilles; je me dis que j'étais peut-être sur la bonne piste pour apprendre la recette. Du reste, le pauvre prisonnier m'inspirait de l'intérêt, et je me mis en quête de sa cellule. Je la trouvai et j'y pénétrai par un trou. Le prisonnier était pâle; avait une longue barbe et de grands yeux brillants.
Le prisonnier gravait des vers et des dessins; il avait l'air de bien s'ennuyer, et je fus la bienvenue auprès de lui. Il me jeta des miettes de pain, me donna de douces paroles et sifflota pour me faire approcher; mes gentillesses le distrayaient; je pris peu à peu entière confiance en lui, et nous devînmes une paire d'amis. Il partageait son pain avec moi, et de son fromage il me donnait mieux que la croûte; nous avions aussi quelquefois du saucisson: bref, je faisais bombance. Mais ce n'était pas tout cela qui me faisait plaisir; j'étais fière et heureuse de l'attachement de cet excellent homme.
Il me caressait et me choyait; il avait une vraie affection pour moi, et je le lui rendais bien. J'en oubliai le but de mon grand voyage; je ne fis plus attention à ma brochette qui, un beau jour, glissa dans la fente du plancher, où elle est encore. Je restai donc, me disant que, moi partie, le pauvre prisonnier n'aurait plus personne avec qui partager son pain et son fromage, ce qui paraissait lui faire tant de plaisir. Ce fut lui qui s'en alla. La dernière fois que je le vis, tout triste qu'il avait l'air, il me cajola avec tendresse et me donna toute une tranche de pain et la plus grosse moitié de son fromage.
En sortant de sa cellule, il regarda en arrière et m'envoya un baiser de la main. Il ne revint plus; je n'ai jamais su ce qu'il est devenu. « Soupe à la brochette », disait le concierge quand il était question de lui. Ces mots me rappelèrent l'objet de mon voyage, et je retournai dans la loge. Habituée aux bontés du prisonnier, je ne me méfiais plus assez des hommes, je me montrais imprudemment.
Le concierge m'attrapa, me caressa aussi, mais pour ensuite me fourrer dans une cage. Quelle horrible prison! On a beau courir, courir, on ne fait que tourner sans avancer, et l'on rit de vous aux éclats. Le vilain portier m'avait enfermée pour servir d'amusement à sa petite fille. Un jour, me voyant toute désolée et essoufflée après une galopade désespérée que j'avais faite dans la roue de ma cage: « Pauvre petite créature », dit-elle, et, tirant le verrou, elle me laissa sortir.
J'attendis que la nuit fût devenue bien sombre; alors, par les toits du palais de justice, je gagnai une vieille tour qui y était attenante; elle n'était habitée que par un veilleur de nuit et un hibou. Le hibou valait mieux que sa mine; il était vieux, il avait beaucoup d'expérience et d'entregent. Il croyait descendre du fameux hibou, oiseau favori de Minerve, la déesse de la sagesse; le fait est qu'il connaissait l'envers et l'endroit des choses. Quand ses petits émettaient quelque opinion inconsidérée: « Allons donc! disait-il; ne faites donc pas de soupe à la brochette. » Quand ils entendaient cela, les jeunes savaient qu'ils avaient dit une sottise.
Le hibou me donna la bienvenue et me promit de me protéger contre tous les animaux malfaisants; mais il me prévint que, si l'hiver était dur, il me croquerait. Comme je vous ai dit, c'était un animal très avisé, et rien ne lui en imposait. Tenez, me dit-il une fois, le veilleur de nuit s'imagine être un personnage parce que, quand il y a un incendie, il réveille toute la ville avec les fanfares qu'il tire de son cor; mais il ne sait absolument rien faire au monde que de sonner de la trompe. Tout cela, c'est de la soupe à la brochette. Je l'interrompis pour le prier de me donner la recette de ce mets:
Comment! dit-il, vous ne savez pas que c'est une façon de parler inventer par les hommes? Chacun la prend plus ou moins dans son sens; mais au fond ce n'est que l'équivalent de rien du tout. Bien! m'écriai-je frappée de cette explication. Ce que vous dites là anéantit toutes mes illusions sur cette fameuse soupe; mais après tout, c'est bien la vérité, et la vérité est ce qu'il y a de plus précieux au monde.
Et je quittai la tour et je me hâtai de revenir parmi vous, vous apportant non pas la soupe, mais quelque chose de bien plus estimable, la vérité. Les souris, me disais-je, passent avec raison pour une race éclairée; et notre roi, renommé pour son esprit, sera enchanté de posséder la vérité, et il me fera reine. Ta vérité n'est que mensonge! s'écria la troisième souris qui n'avait pas eu son tour de parole. Je sais préparer la soupe, vous allez le voir de vos yeux.
V LA MERVEILLEUSE RECETTE
Moi, continua la troisième souris, je ne suis pas allée chercher des renseignements à l'étranger; je suis restée dans notre pays, qui en vaut bien un autre et où l'on trouve tout ce qu'on veut. J'ai tout tiré de mon propre fonds, de mes longues réflexions. Voici ce que j'ai trouvé: Placez une marmite sur le feu; bien. Versez-y de l'eau, encore plus, tout plein jusqu'au bord.
Voyons maintenant, activez bien le feu. Du bois, du charbon: il faut que cela cuise à gros bouillons. C'est cela! Le moment est venu. Jetez-y la brochette. Dans cinq minutes ce sera prêt. Il ne manque plus qu'une chose. Que notre gracieux souverain daigne remuer le liquide bouillant avec son auguste queue, pendant deux minutes au moins; mais, pour que le régal soit parfait, il faut bien tourner une minute de plus.
Faut-il que ce soit justement ma queue? demanda le roi. Oui, sire! répondit la souris. Les queues de vos sujets n'ont pas cette vertu unique dont est douée celle de Votre Majesté! L'eau continuait à bouillonner bruyamment. Le roi s'approcha de la marmite avec l'air le plus digne et le plus courageux qu'il put prendre, et étendit sa queue en rond, comme quand les souris écrèment un pot à lait, pour ensuite lécher leur queue.
Mais à peine eut-il ressenti la chaleur et la vapeur, qu'il sauta en bas du foyer et s'écria: Oui, c'est bien cela! c'est la vraie recette. Tu seras la reine. Quant à la soupe, nous la préparerons une autre fois, quand nous célébrerons nos noces d'or. Alors, en l'honneur de ce beau jour, nous en régalerons à gogo tous nos pauvres pendant une semaine. Et le mariage fut aussitôt célébré en grande pompe. Lorsque tout fut mangé et bu, et que chacun s'en retourna chez soi, plusieurs souris, entre autres les amies et parentes des trois évincées, marmottaient entre elles:
Ce n'est pas là du tout de la soupe à la brochette; c'est de la soupe à la queue de souris. Quant aux récits qu'elles avaient entendus, elles trouvaient telle aventure intéressante, telle autre insipide et mal racontée. De même, lorsque l'histoire se répandit dans le monde, les avis furent très partagés; les uns la déclaraient amusante, d'autres n'y voyaient que des fadaises. Enfin la voilà telle quelle: la critique, en général, n'est que de la soupe à la brochette.
I. Suppe von einem Wurstspeiler.
"Das war gestern ein ausgezeichnetes Mittagessen" sagte eine alte Mäusedame zu einer anderen, die nicht mit dabei gewesen war. "Ich saß auf dem einundzwanzigsten Platz von dem alten Mäusekönig ab gerechnet, das ist etwas nichts Geringes. Über die Gänge kann ich Ihnen nur sagen, daß sie ausgezeichnet zusammengesetzt waren! Verschimmeltes Brot, Speckschwarte, Talglichte und Wurst und dann dasselbe noch einmal von vorne an. Es war ebensogut, als hätten wir zweimal Mahlzeit gehalten. Es war eine behagliche Stimmung und ein gemütlicher Wirrwar wie in einem Familienkreise. Nichts ist übrig geblieben außer den Wurstspeilern. Darüber wurde natürlich gesprochen und jemand meinte sogar, man könne aus einem Wurstspeiler Suppe kochen. Gehört hatte ja schon jeder davon, aber niemand hatte solche Suppe je gekostet, geschweige denn, daß er sie zu bereiten verstünde. Es wurde ein sehr hübsches Wohl auf den Erfinder der Suppe ausgebracht, er verdiene, Armenhausvorstand zu werden. War das nicht witzig? Und der alte Mäusekönig erhob sich und gelobte, daß diejenige von den jungen Mäuschen, die die besprochene Suppe am wohlschmeckendsten herzustellen verstünde, seine Königin werden sollte. Jahr und Tag sollten sie Bedenkzeit haben."
"Das wäre gar nicht so übel!" sagte die andere Maus, "aber wie bereitet man die Suppe zu?"
"Ja, wie bereitet man sie zu?" Danach fragten alle kleinen Mäuschen, die jungen und die alten. Jede wollte gern Königin werden, aber keine wollte die Unbequemlichkeit auf sich nehmen, in die weite Welt hinauszugehen, um es zu erlernen, aber es würde wohl doch notwendig werden. Doch es ist nicht jedem gegeben, die Familie und die alten traulichen Ecken und Winkel zu verlassen. Da draußen geht man nicht jeden Tag über Käserinden und riecht Speckschwarten, nein, man kann sogar dazu kommen, zu hungern, vielleicht auch dazu, lebendigen Leibes von einer Katze gefressen zu werden.
Diese Gedanken waren es wohl auch, die die meisten davon abschreckten, auf Kundschaft auszuziehen. Endlich fanden sich zur Abreise nur vier Mäusejungfrauen, jung und heiter, aber arm, bereit. Jede wollte an eine der vier Ecken der Welt ziehen nun kam es nur darauf an, welcher das Glück folgte. Jede nahm einen Wurstspeiler mit, um nicht zu vergessen, weshalb sie reiste; er sollte ihr Wanderstab sein.
Anfang Mai zogen sie von dannen, und in den ersten Maitagen, nach einem Jahre, kamen sie zurück, doch nur drei von ihnen, die vierte meldete sich nicht und ließ auch nichts von sich hören. Und nun war der Tag der Entscheidung.
"Daß doch immer ein bitterer Tropfen im Freudenbecher sein muß" sagte der Mäusekönig, gab aber doch Befehl, alle Mäuse viele Meilen im Umkreise einzuladen: sie sollten sich in der Küche versammeln. Die drei weitgereisten Mäusejungfrauen standen für sich in einer Reihe; für die vierte, die fehlte, war ein Wurstspeiler mit schwarzem Flor hingestellt worden. Niemand wagte seine Meinung zu sagen, ehe die drei gesprochen und der Mäusekönig gesagt haben würde, was weiter geschehen solle.
II. Was das erste Mäuschen auf der Reise gesehen und gelernt hatte.
"Als ich in die weite Welt hinauszog," sagte das Mäuschen, "glaubte ich wie so viele in meinem Alter, daß ich alle Weisheit der Welt in meinem Kopfe hätte. Ich ging sogleich zur See, und zwar mit einem Schiffe, das nach Norden steuerte. Ich hatte gehört, daß der Koch auf See es verstehen müsse, sich zu helfen. Aber es ist leicht, sich zu helfen, wenn alles mit Speckseiten, Pökelfleisch und stockigem Mehl gefüllt ist; man lebt ausgezeichnet! Aber man lernt nicht, wie man aus einem Wurstspeiler Suppe bereitet. Wir segelten viele Tage und Nächte lang, bald schlingerte das Schiff, bald hatten wir mit eindringendem Wasser zu kämpfen. Als wir an Ort und Stelle ankamen, verließ ich das Schiff; es war hoch oben im Norden.
s ist ein wunderlich Ding, aus dem heimatlichen Winkel auf ein Schiff zu kommen, das auch eine Art Winkel ist, und sich dann plötzlich über hundert Meilen entfernt im fremden Lande zu finden. Dort gab es wilde Tannen- und Birkenwälder; sie dufteten so stark. Aber ich mag das nicht. Die wilden Kräuter rochen so gewürzig, daß ich niesen und an Wurst denken mußte. Dort waren große Waldseen, in der Nähe sah ihr Wasser so klar aus, aber aus einigem Abstand gesehen war es schwarz wie Tinte. Da schwammen weiße Schwäne, ich hielt sie zuerst für Schaum, so stille lagen sie auf dem Wasser, doch dann sah ich sie fliegen und gehen und erkannte sie. Sie gehören zum Geschlecht der Gänse, das Blut läßt sich nicht verleugnen! Ich hielt mich zu meiner Art und schloß mich den Wald- und Feldmäusen an, die übrigens, besonders was feine Bewirtung angeht, blutig unwissend sind. Und das war es ja einzig und allein, wofür ich ins Ausland gereist war. Allein die Möglichkeit, aus einem Wurstspeiler Suppe zu kochen, schien ihnen ein so außerordentlicher Gedanke, daß es sich wie ein Lauffeuer durch den ganzen Wald verbreitete. Aber die Aufgabe zu lösen, rechneten sie durchaus zur Unmöglichkeit, und ich hätte am allerwenigsten gedacht, daß ich hier und noch in derselben Nacht in deren Zubereitung eingeweiht werden würde. Es war um Mittsommer; deshalb röche auch der Wald so stark, meinten sie, und deswegen seien auch die Kräuter so gewürzig, die Seen so klar und doch so dunkel mit den weißen Schwänen auf ihrem Wasser. Am Waldessaum, zwischen drei, vier Häusern war eine Stange aufgestellt, hoch wie ein Mastbaum, daran hingen Kränze und Bänder. Das war die Maistange. Mädchen und Burschen tanzten rund herum und sangen mit der Geige des Spielmanns um die Wette. Da ging es lustig zu beim Sonnenuntergang und im Mondenschein, aber ich ging nicht mit, was soll ein Mäuschen beim Ball im Walde! Ich saß in dem weichen Moos und hielt meinen Wurstspeiler in der Hand. Der Mond schien vor allem auf eine Stelle, wo ein Baum mit dem feinsten Moos unter sich stand, ein Moos so fein, ja, ich erkühne mich zu sagen, so fein, wie unseres Mäusekönigs Fell, aber es war von grüner Farbe, so daß es für die Augen eine Wohltat war. Da kamen auf einmal die niedlichsten kleinen Personen aufmarschiert, nicht größer, als daß sie gerade bis zu meinen Knien reichten. Sie sahen wie Menschen aus, aber besser proportioniert, sie nannten sich Elfen und trugen die feinsten Kleider aus Blumenblättern mit Fliegen- und Mückenflügelbesatz, es sah gar nicht übel aus. Bald schien es mir, als suchten sie etwas, ich wußte nicht was. Doch dann kamen ein paar von ihnen auf mich zu, der vornehmste zeigte auf meinen Wurstspeiler und sagte: 'Das ist gerade so einer, wie wir ihn brauchen! Er ist zugespitzt, das ist ausgezeichnet!' Und er wurde immer entzückter, während er meinen Wanderstab betrachtete."
"Nur leihen, aber nicht behalten!" sagte ich.
"Nicht behalten" sagten alle, ergriffen den Wurstspeiler, den ich losließ, und tanzten damit zu dem feinen Moosfleckchen. Dort richteten sie den Wurstspeiler mitten im Grünen auf. Sie wollten auch eine Maistange haben, und die, die sie nun hatten, war ja auch wie dafür geschaffen. Nun wurde sie geschmückt; ja, da bekam sie ein Aussehen!
Kleine Spinnen spannen Goldfäden darum und hängten wehende Schleier und Fahnen daran, so feingewebt, so schneeweiß im Mondenschein gebleicht, daß mir ordentlich die Augen schmerzten. Sie nahmen Farbe von den Schmetterlingsflügeln und streuten sie auf das weiße Linnen, da erschienen Blumen und Diamanten darauf, ich erkannte meinen Wurstspeiler nicht wieder. Solch eine Maistange fand gewiß nicht ihresgleichen in der Welt. Und nun kam erst die richtige große Elfengesellschaft, ganz ohne Kleider, das war das Feinste, und ich wurde eingeladen, den Staat mit anzusehen, aber aus einem gewissen Abstand, denn ich war ihnen zu groß.
Nun begann ein Musizieren. Es war, als ob tausend gläserne Glöckchen erklängen, so voll und lieblich tönte es; ich glaubte, es wären Schwäne, die dort sängen, ja, mir war fast, als hörte ich den Kuckuck und die Drossel heraus. Zuletzt war es gar, als erklänge der ganze Wald mit. Kinderstimmen, Glockenklang und Vogelsang verschmolzen zu einer einzigen lieblichen Melodie, und all die Herrlichkeit erklang aus der Maistange heraus wie aus einem Glockenspiel, und doch war es nur mein Wurstspeiler. Nie hätte ich geglaubt, daß so viel da herauskommen könnte, aber es kommt wohl immer darauf an, in welche Hände man gerät. Ich wurde wirklich ganz bewegt, ich weinte, wie nur ein Mäuschen weinen kann vor lauter Freude.
Die Nacht war allzu kurz! Aber sie ist nun einmal dort zu jener Zeit nicht länger. Beim Tagesgrauen wehte ein Lüftchen, der Wasserspiegel auf dem Waldsee kräuselte sich, all die feinen, schwebenden Schleier und Fahnen flogen durch die Luft dahin; die schaukelnden Lauben aus Spinneweb, die Hängebrücken und Balustraden oder wie sie nun heißen mögen, die dort von Blatt zu Blatt gespannt waren, verflogen wie nichts. Sechs Elfen kamen und brachten mir meinen Wurstspeiler, während sie fragten, ob ich irgend einen Wunsch hätte, den sie mir erfüllen könnten. Da bat ich sie, mir zu sagen, wie man Suppe aus einem Wurstspeiler bereiten könne.
"Wie wir das machen," sagte der Vornehmste und lachte "ja, das hast Du ja eben gesehen! Du kanntest wohl Deinen Wurstspeiler kaum wieder?"
"Also so meinen Sie es!" sagte ich und erzählte geradeheraus, weshalb ich auf Reisen wäre, und was man sich zuhause davon verspräche. "Welchen Gewinn," fragte ich, "hat der Mäusekönig und unser ganzes mächtiges Reich davon, daß ich all diese Herrlichkeit gesehen habe! Ich kann sie nicht aus dem Wurstspeiler herausschütteln und sagen: Seht, hier ist der Speiler, nun kommt die Suppe! Das wäre doch immerhin eine Art Nachgericht, wenn man satt wäre."
Da tauchte der Elf seinen kleinen Finger in die blaue Blüte eines Veilchens und sagte zu mir: "Gib acht, ich bestreiche Deinen Wanderstab, und wenn Du heim zum Schlosse des Mäusekönigs kommst, so berühre mit dem Stabe Deines Königs warme Brust. Dann werden Veilchen aus dem Stabe hervorblühen selbst in der kältesten Winterszeit, sieh, dann bringst Du doch etwas mit heim von uns, und nun bekommst Du noch etwas dazu." Aber bevor das Mäuschen sagte, was dieses Etwas wäre, richtete es den Stab gegen des Königs Brust, und wirklich, es sprang der herrlichste Blumenstrauß aus dem Stabe hervor. Er duftete so stark, daß der Mäusekönig den Mäusen, die am dichtesten am Schornstein standen, befahl, schnellsten ihre Schwänze über das Feuer zu halten, damit es ein bißchen angebrannt rieche, denn der Veilchenduft war nicht auszuhalten; er war nicht von der Art, wie man ihn hier schätzte.
"Aber was war das für ein Etwas dazu, von dem Du eben sprachst?" fragte der Mäusekönig.
"Ja," sagte das Mäuschen, "das ist das, was man den Knalleffekt nennt" und es drehte den Wurstspeiler um; da waren es keine Blumen mehr, nur den nackten Speiler hielt es in der Hand und erhob ihn wie einen Taktstock.
"Veilchen sind für die Augen, die Nase und das Herz," sagte der Elf zu mir, "doch es fehlt noch etwas für Ohren und Zunge." Dabei schlug es Takt und eine Musik setzte ein, nicht wie sie im Walde beim Fest der Elfen erklang, sondern wie sie in der Küche laut wird. Na, das war ein Tumult! Urplötzlich kam es, sauste wie der Wind durch alle Schornsteinrohre, Kessel und Töpfe kochten über, der Feuerhaken donnerte an den Messingkessel, und dann, ebenso plötzlich, war es wieder stille. Man hörte des Teekessels gedämpften Gesang, ganz wunderlich, man wußte nicht, wollte er beginnen oder aufhören. Und der kleine Topf kochte und der große Topf kochte, der eine kümmerte sich nicht um den anderen, es war, als habe der Topf seine Gedanken nicht beisammen. Und das kleine Mäuschen schwang seinen Taktstock wilder und wilder – die Töpfe schäumten, brodelten, kochten über, der Wind sauste, der Schornstein pfiff– hu ha, es wurde so grauenerregend, daß das kleine Mäuschen selbst den Stock fallen ließ.
"Das war eine schwierige Suppe" sagte der alte Mäusekönig, "wird sie nun angerichtet?"
"Das war alles!" sagte das Mäuschen und verneigte sich.
"Alles! ja, dann wollen wir hören, was die nächste zu sagen hat" sagte der Mäusekönig.
III. Was das zweite Mäuschen zu erzählen wußte.
"Ich bin in der Schloßbibliothek geboren," sagte die zweite Maus. "Ich und noch mehrere andere Mitglieder meiner Familie haben nie das Glück kennen gelernt, in ein Speisezimmer, geschweige denn in eine Speisekammer zu kommen. Als ich abreiste und dabei diesen Raum hier betrat, sah ich zum ersten Male eine Küche. Wir litten wirklich Hunger auf der Bibliothek, doch dafür eigneten wir uns mancherlei Kenntnisse an. Dort oben erreichte uns das Gerücht von dem königlichen Preise, der für die Bereitung einer Suppe aus einem Wurstspeiler ausgesetzt war. Nach einigem Nachdenken zog meine alte Großmutter ein Manuskript hervor, das sie zwar nicht lesen konnte, aber sie hatte es einst lesen hören. Darin stand: Ist man ein Dichter, so kann man selbst aus einem Wurstspeiler Suppe kochen. Sie fragte mich, ob ich Dichterin wäre. Ich wußte mich frei davon, und sie sagte mir, daß ich eben sehen müsse, eine zu werden. Ich erkundigte mich, was dazu nötig sei, denn es schien mir ebenso schwierig zu sein, wie das Suppe kochen. Doch meine Großmutter war wohlunterrichtet; sie sagte, daß drei Dinge dazu notwendig wären: Verstand, Fantasie und Gefühl! Könnte ich mir diese zu eigen machen, so wäre ich eine Dichterin und würde auch die Sache mit dem Wurstspeiler ins rechte Lot bringen. Und so zog ich nach Westen in die weite Welt hinaus, um Dichterin zu werden.
Verstand, das wußte ich, ist das Wichtigste bei jedem Dinge, die beiden anderen Teile genießen nicht die gleiche Achtung. So ging ich also zunächst auf den Verstand aus. Ja, wo mochte er wohnen? Geh zur Ameise und werde weise! hat einst ein großer König der Juden gesagt. Und ich ruhte und rastete nicht, bis ich einen großen Ameisenhaufen gefunden hatte. Dort legte ich mich auf die Lauer, um weise zu werden.
Die Ameisen sind ein sehr respektables Volk, sie sind nur auf Verstand eingestellt. Alles ist bei ihnen ein Rechenstück, bei dem die Probe aufs Exempel gemacht ist; es geht auf. Arbeiten und Eier legen, sagen sie, ist in der Zeit leben und für die Zukunft sorgen, und danach handeln sie. Sie scheiden sich in reine und unreine Ameisen, der Rang besteht in einer Nummer. Die Ameisenkönigin ist Nummer eins, und ihre Meinung ist die einzig richtige. Sie hatte alle Weisheit gepachtet und das zu wissen war für mich von Wichtigkeit. Sie sagte vieles, was so klug war, daß es mir dumm vorkam. Sie sagte auch, ihr Haufen sei das Höchste in dieser Welt. Aber dicht bei dem Haufen stand ein Baum, der höher war, viel höher, das ließ sich nicht ableugnen, deshalb sprach man nicht davon. Eines Abends hatte sich eine Ameise dorthin verirrt, war den Stamm hinaufgekrochen, nicht einmal bis zur Krone, aber doch höher, als je eine Ameise gekommen war. Und als sie umgekehrt und wieder nachhause gekommen war, erzählte sie im Haufen, daß es etwas weit Höheres draußen gäbe. Doch das hatten alle Ameisen als Beleidigung des ganzen Gemeinwesens aufgefaßt, und so wurde die Ameise zum Maulkorb und lebenslänglicher Einsamkeit verurteilt. Aber kurze Zeit darauf kam eine andere Ameise zu dem Baum und machte die gleiche Reise und Entdeckung. Sie sprach auch davon, jedoch, wie man sagte, mit Besonnenheit und in unklaren Ausdrücken, und da sie außerdem eine geachtete Ameise, eine von den reinen war, so glaubte man ihr, und als sie starb, wurde ihr eine Eierschale als Monument für ihre Verdienste um die Wissenschaften gesetzt." - "Ich sah," sagte das Mäuschen, "daß die Ameisen häufig mit ihren Eiern auf dem Rücken umherliefen. Eine von ihnen verlor das ihre und machte große Anstrengungen, es wieder aufzuladen, doch wollte es ihr nicht glücken. Zwei andere kamen Ihr mit allen Kräften zu Hülfe, so daß sie fast ihre eigenen Eier verloren hätten, da ließen sie es augenblicklich sein, denn jeder ist sich selbst der Nächste, und die Ameisenkönigin äußerte darüber, daß hierbei sowohl Herz als Verstand bewiesen worden wären. Diese beiden Eigenschaften stellen uns Ameisen an die Spitze der Vernunftswesen. Der Verstand soll und muß das Überwiegende sein, und ich habe den größten!" sagte sie und erhob sich auf den Hinterbeinen. Sie machte sich dadurch so deutlich erkennbar – ich konnte gar nicht fehl gehen – und so verschluckte ich sie. Geh zur Ameise und werde weise! Nun hatte ich die Königin!
Ich ging nun näher an den besprochenen Baum heran; es war eine Eiche mit hohem Stamm und mächtiger Krone, die sehr alt war. Ich wußte, daß hier ein lebendiges Geschöpf, eine Frau, wohne, die Dryade genannt wurde. Sie wird mit dem Baume zugleich geboren und stirbt mit ihm. Ich hatte davon auf der Bibliothek gehört. Nun sah ich solch einen Baum, sah solch ein Lebewesen. Sie stieß einen furchtbaren Schrei aus, als sie mich so nahe erblickte; sie hatte, wie alle Frauenzimmer, die größte Angst vor einer Maus, doch sie hatte dazu mehr Ursache als die anderen, denn ich hätte ja den Baum durchnagen können, an dem ihr Leben hing. Ich redete freundlich und herzlich mit ihr, sprach ihr Mut zu, und sie nahm mich auf ihre feine Hand. Als sie erfuhr, weshalb ich in die weite Welt hinausgegangen war, versprach sie mir, daß ich vielleicht schon am gleichen Abend einen der beiden Schätze, nach denen ich suchte, erhalten solle. Sie erzählte mir, das Phantasus ein recht guter Freund von ihr und schön wie der Liebesgott sei. Er pflege manche Stunde der Ruhe hier unter des Baumes dichtbelaubten Zweigen, die dann noch voller über ihnen beiden rauschten. Er nenne, sie seine Dryade, und den Baum seinen Baum. Die knorrige, mächtige schöne Eiche sei gerade nach seinem Sinne, die Wurzeln klammerten sich tief und fest in die Erde, Stamm und Krone erhöben sich hoch in die frische Luft und kannten den fegenden Schnee, die scharfen Winde und den warmen Sonnenschein, wie sie gekannt werden sollen. Und die Vögel sängen dort oben und erzählten von den fremden Ländern. Auf dem einzigen verdorrten Zweige habe der Storch sein Nest gebaut, das schmücke so hübsch, und man erfahre doch einiges vom Lande der Pyramiden. "AII dies hört Phantasus so gern," sagte sie, "es ist ihm sogar nicht genug, ich selbst muß ihm noch vom Leben im Walde erzählen von der Zeit an, wo ich noch klein war und der Baum so zart, daß eine Nessel ihn verbergen konnte, bis auf den heutigen Tag, wo er so groß und mächtig dasteht. Setz Dich nun hier unter den Waldmeister und gib acht: wenn Phantasus kommt, werde ich wohl Gelegenheit finden, ihn am Flügel zu zupfen und ihm dabei eine kleine Feder auszureißen. Die nimm dann, eine bessere bekam kein Dichter;– dann hast Du genug."
"Und Phantasus kam, die Feder wurde ihm ausgerissen und ich nahm sie," sagte das Mäuschen, "ich mußte sie aber erst in Wasser legen, damit sie weich würde, sie war immer noch sehr schwer verdaulich, aber ich knabberte, sie doch auf. Es ist gar nicht leicht, sich durchzubeißen, bis man ein Dichter ist, es ist gar viel, was man in sich aufnehmen muß. Nun hatte ich schon zwei von den Dingen, Verstand und Fantasie, und durch diese beiden wußte ich, daß das dritte auf der Bibliothek zu finden sei, denn ein großer Mann hat gesagt und geschrieben, daß es Romane gäbe, die nur dazu da seien, die Menschen von den überflüssigen Tränen zu befreien, sie seien so eine Art Schwamm, um die Gefühle aufzusaugen. Ich entsann mich ein paar dieser Bücher, sie waren mir immer ganz appetitlich vorgekommen, sie waren so zerlesen, so fettig, sie mußten ja ganze Gefühlsströme in sich aufgenommen haben.
Ich kehrte wieder nachhause in die Bibliothek zurück, aß sogleich ziemlich einen ganzen Roman auf, das heißt also das Weiche, das Eigentliche, die Rinde dagegen, den Einband, ließ ich liegen. Als ich ihn nun verdaut hatte und noch einen zweiten dazu, verspürte ich schon, wie es sich in mir regte; ich aß ein wenig von dem dritten, da war ich Dichterin. Das sagte ich mir selbst und den anderen auch. Ich hatte Kopfschmerzen. Leibschmerzen, ich weiß nicht mehr alle die Schmerzen, die ich hatte. Ich dachte nun darüber nach, welche Geschichte in Verbindung mit einem Wurstspeiler gesetzt werden könnte, und bald wimmelte es von Speilern in meinen Gedanken; die Ameisenkönigin hat einen ungewöhnlichen Verstand gehabt. Ich entsann mich des Mannes, der ein weißes Hölzchen in den Mund nahm, wodurch beide unsichtbar wurden, und so gingen über diese Geschichte meine Gedanken über alle Hölzchen und Speiler, von denen je eine Geschichte gehandelt hatte, sie gingen völlig in Speilern auf. Daraus müßte sich ein Gedicht machen lassen, wenn man Dichterin ist, und das bin ich, ich habe es mir sauer werden lassen. So werde ich nun jeden Tag mit einem Speiler, einer Geschichte, aufwarten können, ja, das ist eine Suppe."
"Nun wollen wir also die dritte hören" sagte der Mäusekönig.
"Piep, piep" sagte es in der Küchentür, eine kleine Maus, es war die vierte von ihnen, die totgeglaubte, eilte herein und rannte dabei den Wurstspeiler mit dem Trauerflor um. Sie war Tag und Nacht gelaufen, war auf der Eisenbahn mit einem Güterzug gefahren, wozu sie Gelegenheit gefunden hatte, und wäre doch fest zu spät gekommen. Sie drängte sich vor, sah ganz zerzaust aus und hatte wohl ihren Wurstspeiler, aber nicht ihre Sprache verloren; sie erzählte sogleich darauf los, als ob man nur auf sie gewartet hatte, das alles kam so unerwartet, daß niemand Zeit fand, sich über sie oder ihre Rede aufzuhalten, bevor sie damit fertig war. Nun wollen wir hören:
IV. Was die vierte Maus, die die Rede an sich riß, ehe die dritte Maus gesprochen hatte, zu erzählen wußte.
"Ich ging gleich in die Großstadt," sagte sie, "auf den Namen besinne ich mich nicht mehr, ich kann so schlecht Namen behalten. Von der Eisenbahn kam ich mit konfiszierten Gütern nach dem Rathause, und dort lief ich zu dem Kerkermeister. Er erzählte von seinen Gefangenen, besonders von einem, der unbesonnene Worte hatte fallen lassen, die dann weitererzählt worden waren. Er habe gesagt, daß das Ganze nur eine Suppe aus Wurstspeilern wäre, und diese Suppe könne ihn leicht den Kopf kosten. Das weckte mein Interesse für den Gefangenen," sagte die kleine Maus, "und so nahm ich die Gelegenheit wahr und schlüpfte zu ihm hinein. Hinter verschlossene Türen führt immer ein Mauseloch. Er sah bleich aus, hatte einen großen Bart und große, leuchtende Augen. Die Lampe rußte und die Wände waren daran gewöhnt, sie wurden nicht schwärzer. Der Gefangene ritzte Bilder und Verse hinein, Weiß auf Schwarz, aber ich las sie nicht. Ich glaube, er langweilte sich, und so war ich ein willkommener Gast. Er lockte mich mit Brotkrumen, mit Pfeifen und sanften Worten; er war so froh über mich! Da faßte ich Vertrauen, und wir wurden Freunde. Er teilte Brot und Wasser mit mir und gab mir Käse und Wurst. Ich lebte flott; aber es war hauptsächlich der gute Umgang, der mich fesselte. Er ließ mich auf seiner Hand und seinem Arm umherlaufen, bis ganz hinauf in den Ärmel. Er ließ mich in seinen Bart kriechen und nannte mich seine kleine Freundin, ich gewann ihn ordentlich lieb, so etwas ist eben gegenseitig. Ich vergaß mein Geschäft draußen in der Welt und vergaß meinen Wurstspeiler in einer Fußbodenritze, wo er heute noch liegt. Ich wollte bleiben, wo ich war. Wenn ich ging, so hatte ja der arme Gefangene gar niemanden, und das ist zu wenig in dieser Welt! Ich blieb also, aber er blieb nicht. Das letzte Mal sprach er so traurig mit mir; er gab mir doppelt soviel Brot und Käserinde und warf mir noch eine Kußhand zu; er ging und kam niemals wieder. Ich kenne seine Geschichte nicht. 'Suppe aus einem Wurstspeiler' sagte der Kerkermeister, und zu ihm ging ich, aber ihm hätte ich nicht trauen sollen. Wohl nahm er mich auf seine Hand, aber er setzte mich in einen Käfig, in eine Tretmühle. Das ist etwas Grauenhaftes. Man läuft und läuft und kommt nicht weiter und wird obendrein ausgelacht!
Des Kerkermeisters Enkelin war ein liebes kleines Ding, mit goldblondem Lockenhaar, fröhlichen Augen und einem lachenden Mund. 'Armes kleines Mäuschen' sagte sie, guckte in meinen häßlichen Käfig hinein, schob den eisernen Riegel zurück– und ich sprang hinab auf das Fensterbrett und in die Dachrinne hinaus. Frei, frei! Daran allein dachte ich, und nicht an meinen Reisezweck.
Es war dunkel, und es ging auf die Nacht zu. In einem alten Turm nahm ich Herberge; dort wohnte ein Wächter und eine Eule. Ich traute keinem von ihnen über den Weg, am wenigsten der Eule. Sie gleicht einer Katze und hat den großen Fehler, daß sie Mäuse frißt. Doch man kann sich irren, und das tat ich. Es war eine respektable, überaus gebildete alte Eule, sie wußte mehr als der Wächter und ebensoviel wie ich. Die jungen Eulen machten um jede Kleinigkeit ein großes Geschrei. 'Kocht keine Suppe aus einem Wurstspeiler' sagte sie, das war das Härteste, was sie ihnen sagen konnte, sie hatte soviel Gefühl für ihre eigene Familie. Ich faßte ein solches Vertrauen zu ihr, daß ich von der Spalte aus, wo ich saß, Piep sagte. Dies Zutrauen gefiel ihr, und sie versicherte mir, daß ich jetzt unter ihrem Schutze stände. Kein Tier dürfe mir ein Leides tun, das wolle sie selbst im Winter tun, wenn es mit der Kost knapp würde.
Sie war in allen Dingen gleich beschlagen; sie bewies mir, daß der Wächter ohne Horn nicht tuten könne, er bilde sich schrecklich viel darauf ein und glaube, er sei Eule im Turm! Etwas Großes solle es sein und sei doch nur etwas ganz Geringes, Suppe aus einem Wurstspeiler! Ich bat sie um das Rezept, und darauf erklärte sie mir folgendes: Suppe aus einem Wurstspeiler sei nur eine menschliche Redensart, der verschiedener Sinn untergelegt werden könne. Jeder glaube, seine Auslegung sei die rechte. Doch sei das Ganze eigentlich nichts!
Nichts? fragte ich; ich war tief betroffen. Die Wahrheit ist nicht immer angenehm, aber sie ist das Höchste, das sagte auch die alte Eule, Ich dachte darüber nach und sah ein, wenn ich das Höchste brächte, so brächte ich weit mehr, als die Suppe aus einem Wurstspeiler. Und so eilte ich davon, um noch rechtzeitig nachhause zu kommen und das Höchste und Beste hierher zu bringen: die Wahrheit! Die Mäuse sind ein aufgeklärtes Volk und der König ist es vor ihnen allen. Er ist imstande, mich um der Wahrheit willen zur Königin zu machen!"
"Deine Wahrheit ist Lüge!" sagte das Mäuschen, das noch keine Erlaubnis zum sprechen bekommen hatte. "Ich kann die Suppe bereiten und werde es tun!"
Wie es gemacht wird.
"Ich bin nicht gereist," sagte die vierte Maus, "ich blieb im Lande, das ist das einzig Richtige! Man braucht nicht zu reisen, man kann ebenso gut alles hier bekommen. Ich blieb! Ich habe meine Weisheit nicht von übernatürlichen Wesen bekommen, habe sie auch nicht gefressen oder habe mit Eulen gesprochen. Ich habe es durch eigenes Denken erreicht. Wollen Sie jetzt den Kessel aufsetzen und mit Wasser füllen, ganz bis zum Rand! Machen Sie Feuer darunter! So, und nun lassen Sie das Wasser kochen, bis es brodelt. Nun werfen Sie den Speiler hinein! Darauf wollen Seine Majestät der Mäusekönig allerhöchst seinen Schwanz in das kochende Wasser tauchen und damit umrühren! Je länger er rührt, umso kräftiger wird die Suppe. Das kostet nichts, und man braucht keine Zutaten, nur umrühren!"
"Kann es nicht ein anderer tun?" fragte der Mäusekönig.
"Nein!" sagte die Maus, "die Kraft ist nur im Schwanze des Mäusekönigs!"
Und das Wasser brodelte und der Mäusekönig stellte sich daneben, es war ein ganz gefährlicher Anblick! Er streckte seinen Schwanz aus, wie die Mäuse es in der Milchkammer tun, wenn sie die Sahne von einer Schüssel schöpfen und sich dann den Schwanz lecken. Doch er brachte ihn nur bis in den heißen Dampf, da sprang er eiligst wieder hinab und sagte: "Natürlich wirst Du meine Königin! Mit, der Suppe wollen wir bis zur goldenen Hochzeit warten, dann haben die Armen in meinem Reiche etwas, worauf sie sich freuen können, das wird eine lange Freude!"
Und so hielten sie Hochzeit; aber einige der Mäuse sagten, als sie nachhause kamen, das könne man doch nicht eine Suppe aus einem Wurstspeiler nennen, es wäre eher Mauseschwanzsuppe! Ein und das andere von dem, was erzählt worden war, fanden sie ganz gut aber das Ganze hatte anders sein müssen. "Ich würde es so oder so erzählt haben."
Das war die Kritik, und die ist immer so klug, hinterher.
Die Geschichte ging durch die ganze Welt, die Meinungen darüber waren geteilt, aber die Geschichte selbst blieb ganz. Und das ist das Wichtigste im großen wie im kleinen, auch für die Suppe aus einem Wurstspeiler. Doch soll man nie auf Dank rechnen!