Grand Claus et petit Claus


Il piccolo Claus e il grande Claus


Dans une ville demeuraient deux hommes qui s'appelaient du même nom, Claus; mais l'un avait quatre chevaux, et l'autre n'en avait qu'un seul: donc, pour les distinguer, l'on appelait le premier grand Claus. et l'autre petit Claus. Écoutez bien maintenant ce qui leur arriva, car c'est une histoire véritable!
Pendant toute la semaine, petit Claus était obligé de labourer la terre de grand Claus et de lui prêter son unique cheval; en revanche, grand Claus l'aidait avec ses quatre chevaux une fois par semaine, c'est-à-dire tous les dimanches seulement. Hutsch! comme petit Claus faisait alors claquer son fouet au-dessus des cinq chevaux! Il les regardait comme les siens. Le soleil brillait si magnifique! Toutes les cloches appelaient le monde à l'église; les hommes et les femmes revêtus de leurs plus beaux habits passaient devant petit Claus, qui, labourant la terre d'un air joyeux, faisait claquer son fouet en s'écriant: "Hue donc, mes chevaux!"
"Ne dis donc pas mes chevaux," lui cria une fois grand Claus, "il n'y en a qu'un qui est à toi."
Mais petit Claus oublia bientôt cet avertissement, et, en voyant quelques autres personnes passer, il ne put s'empêcher de s'écrier de nouveau: "Hue donc, mes chevaux!"
"Pour la dernière fois, lui dit grand Claus, ne répète plus ces paroles! Si cela t'arrive encore, je porterai un tel coup au front de ton cheval, qu'il tombera mort sur-le-champ.
"Je ne le dirai plus," répondit petit Claus. Mais lorsqu'il passa encore du monde qui le saluait amicalement de la tête, il devint bien content; et fier, de pouvoir labourer son champ avec cinq chevaux, il fit claquer son fouet en s'écriant: "Hue donc, mes chevaux!"
"J'apprendrai le hue donc! à tes chevaux," dit le grand Claus; puis il prit une massue, et appliqua un coup si fort au front du cheval de petit Claus qu'il tomba mort sur-le-champ.
Son maître se prit à pleurer et à se lamenter; ensuite il écorcha la bête morte, fît sécher la peau au vent, la mit dans un sac, et se rendit à la ville pour la vendre.
Le chemin était long et passait par une grande forêt; il faisait un temps affreux. Petit Claus s'égara, et avant qu'il eût retrouvé le bon chemin, la nuit survint; il lui fallut renoncer à rentrer en ville.
Près de la route se trouvait une grande ferme, et, quoique les volets fussent fermés, on y voyait briller de la lumière. "Peut-être j'y pourrai passer la nuit," pensa-t-il, et il frappa à la porte
La femme lui ouvrit; mais, lorsqu'elle apprit ce qu'il voulait, elle lui dit de passer son chemin; son mari était sorti, et elle ne recevait pas d'étrangers.
"Soit, je coucherai dehors," répondit-il. Et la femme referma la porte.
Près de la maison était une grange au toit de chaume remplie de foin.
"J'y coucherai bien," dit petit Claus, "le lit est bon, et il n'y a pas de danger que la cigogne me morde les jambes." Sur le toit perchait une cigogne à côté de son nid.
Il rampa dans la grange, où il se coucha. Il se retourna plusieurs fois pour bien dormir. Les volets de la maison ne se fermant pas entièrement, il put voir ce qui se passait dans la chambre.
Au milieu, se dressait une grande table ornée d'un rôti, d'un poisson et de plusieurs bouteilles de vin. La paysanne et le chantre étaient assis joyeusement et se régalaient.
"Comme ils sont heureux!" dit petit Claus. Et il allongea la tête pour mieux voir. La femme servit un gâteau délicieux. Grand Dieu, quel festin!
Tout à coup un homme à cheval s'approcha de la maison; c'était le mari de la paysanne qui rentrait chez lui.
Tout le monde l'estimait comme un brave homme, mais il avait une maladie étrange: il ne pouvait apercevoir un chantre sans entrer en fureur. Connaissant cette particularité, le chantre avait profité de l'occasion pour rendre une visite à la femme et lui dire bonjour, pendant que le mari était absent; et la bonne femme lui avait fait honneur en lui servant un délicieux repas. Pour éviter des désagréments, lorsqu'elle entendit son mari qui venait, elle pria son convive de se cacher dans un grand coffre vide; ce qu'il fit volontiers, connaissant la maladie du paysan. Puis la femme serra promptement le manger et le vin dans le four, pour que son mari ne lui adressât pas de question embarrassante.
Quel dommage! soupira petit Claus dans la grange en voyant disparaître le gâteau.
- Qui est là-haut? s'écria le paysan en se tournant, et il aperçut petit Claus. Pourquoi te coucher là? Viens plutôt dans la chambre"
Petit Claus lui raconta comment il s'était égaré, et lui demanda l'hospitalité pour la nuit.
"Très-volontiers! répondit le paysan, mais mangeons d'abord un morceau."
La femme les reçut tous deux avec amabilité, prépara de nouveau la table, et servit un grand plat de riz. Le paysan, qui avait faim, en mangea de bon appétit; mais petit Claus pensait au délicieux rôti, au gâteau et au vin cachés dans le four.
Il avait jeté sous la table le sac contenant la peau de cheval; comme il ne pouvait supporter le riz, il appuya ses pieds sur le sac, et fit craquer la peau sèche.
"Chut! dit-il à son sac; mais, au même moment, il le fit craquer plus fort.
- Qu'y a-t-il dans le sac? demanda le paysan.
- Un sorcier, répondit Claus; il ne veut pas que nous mangions du riz. Il me dit que, par un effet de sa magie, il se trouve dans le four un rôti, du poisson et un gâteau.
"Ce n'est pas possible," dit le paysan en ouvrant promptement le four; il découvrit les mets superbes que sa femme y avait serrés, et crut que le sorcier avait fait ce prodige. La femme, sans oser rien dire, posa tout sur la table, et ils se mirent à manger du poisson, du rôti et du gâteau. Claus fit de nouveau craquer sa peau.
"Que dit-il à présent? demanda le paysan.
- Il dit que, près du four, il a fait venir trois bouteilles de vin." La femme leur servit le vin, et son mari se mit à boire en s'égayant de plus en plus. Il eût bien voulu posséder un sorcier pareil à celui du sac de petit Claus.
"Je voudrais qu'il me montrât le diable, dit le paysan; cela me ferait plaisir, car je suis tout à fait en train.
- Mon sorcier peut tout ce que je lui demande." Puis il fit craquer le sac: "Entends-tu? il dit que oui. Mais le diable est bien terrible à voir.
- Oh! je n'ai pas peur. Quelle mine a-t-il?
- Il paraîtra devant nous sous la forme d'un chantre.
- Ouf! que c'est vilain! je ne peux pas supporter la vue d'un chantre. N'importe; comme je saurai que c'est le diable, j'aurai du courage. Seulement, qu'il ne m'approche pas!"
Petit Claus approcha son oreille du sac comme pour écouter le sorcier.
"Que dit-il?
- Il dit que, si vous voulez ouvrir ce grand coffre, là-bas au coin, vous y verrez le diable; mais il faut bien tenir le couvercle, pour qu'il ne s'échappe pas.
- Aidez-moi à le tenir," dit le paysan en s'approchant du coffre où la femme avait caché le véritable chantre tout tremblant de frayeur.
Le couvercle fut soulevé. "Ouf! s'écria le paysan en faisant un bond en arrière, je l'ai vu! Il ressemble tout à fait au chantre de notre église; il est horrible!"
Ensuite ils se remirent à boire bien avant dans la nuit.
"Vends-moi ton sorcier, dit le paysan, je t'en donnerai tout ce que tu voudras; tout un boisseau rempli d'argent, si tu l'exiges.
- Je ne le puis, répondit petit Claus. Songe un peu combien il m'est utile.
- Pourtant tu me rendrais bien heureux! dit le paysan en insistant.
- Soit! dit enfin petit Claus, puisque tu m'as donné l'hospitalité, je te céderai le sorcier pour un boisseau rempli d'argent, mais fais-moi bonne mesure.
- Tu seras satisfait; seulement, je te priera d'emporter le coffre; je ne veux pas qu'il reste une heure encore dans la maison. Peut-être le diable y est-il toujours."
Sur ce, petit Claus donna au paysan son sac avec la peau sèche; il reçut en échange tout un boisseau rempli d'argent, et, par-dessus le marché, une grande brouette pour transporter l'argent et le coffre.
"Adieu!" dit-il, et il s'éloigna.
De l'autre côté de la forêt, il s'arrêta sur un pont tout neuf, qui servait à traverser une rivière profonde, et il dit à haute voix:
"Que ferais-je de ce mauvais coffre? Il pèse comme s'il était rempli de pierres. Je suis déjà fatigué de le rouler; il vaut mieux que je le jette dans la rivière. Si l'eau le porte à ma maison, tant mieux, sinon je m'en passerai."
Puis il souleva le coffre d'une main, comme s'il voulait le jeter dans l'eau.
"Attends donc, attends donc! s'écria le chantre dans le coffre, laisse-moi d'abord sortir.
- Ouf! s'écria petit Claus, feignant de s'effrayer le diable y est encore, il faut que je le noie bien vite!
- Non, non! cria le chantre, épargne-moi, et je te donnerai un boisseau d'argent.
"C'est différent," répondit petit Claus en ouvrant le coffre. Le chantre sortit, poussa le coffre vide dans l'eau, et retourna chez lui donner au petit Claus son boisseau d'argent. Claus eut ainsi de quoi remplir sa brouette. Rentré chez lui, dans sa chambre, il fit rouler par terre toutes les pièces de monnaie.
"Voilà une peau de cheval bien vendue! s'écria-t-il. Grand Claus mourra de dépit lorsqu'il apprendra toute la richesse que mon unique cheval m'a rapportée."
Puis il envoya un garçon chez grand Claus, pour le prier de lui prêter un boisseau vide.
"Que veut-il en faire?" pensa grand Claus. Et il enduisit le fond de goudron, afin qu'il y restât quelque chose d'attaché. Lorsque le boisseau lui fut rendu, il y trouva collées trois pièces de dix sous.
"Comment! s'écria-t-il, où diable a-t-il pris tout cela?" Et il courut immédiatement chez petit Claus. "D'où tiens-tu tout cet argent? »
- De ma peau de cheval, que j'ai vendue hier au soir.
- Tu en as tiré un bon prix," dit grand Claus; puis il retourna bien vite chez lui, prit une hache, abattit ses quatre chevaux, les écorcha et porta leur peau à la ville.
"Des peaux! des peaux! qui veut acheter des peaux?" cria-t-il dans toutes les rues.
Tous les cordonniers et les corroyeurs accoururent pour lui en demander le prix.
"Un boisseau d'argent pour chacune, répondit grand Claus.
- Es-tu fou? crois-tu que nous ayons de l'argent par boisseaux?
- Des peaux! des peaux! continua-t-il, qui veut acheter des peaux?" Et, si quelqu'un les marchandait: "Un boisseau d'argent pour chacune, répondait-il toujours.
- Il veut se moquer de nous," s'écria enfin tout le monde. Puis les cordonniers prirent leurs courroies, les corroyeurs leurs tabliers, et ils se mirent à frapper rudement grand Claus.
"Nous arrangerons si bien ta peau, qu'elle deviendra rouge et bleue, dirent-ils; veux-tu te sauver, veux-tu te sauver!" Et grand Claus, au milieu des coups, se sauva hors de la ville.
"Bon! dit-il une fois rentré chez lui; c'est petit Claus qui est la cause de tout cela. Je vais le tuer."
Cependant la vieille nourrice de petit Claus était morte, et, quoiqu'elle se fût montrée bien méchante envers lui, il la pleura. Il coucha la femme morte dans son lit, pour voir s'il ne pourrait pas. la rappeler à la vie, et resta toute la nuit dans un coin, sur une chaise.
Au milieu de la nuit, la porte s'ouvrit, et grand Claus entra avec sa hache. Connaissant l'endroit où était placé le lit de petit Claus, il s'en approcha tout doucement, et appliqua un coup violent au front de la vieille nourrice morte.
"Maintenant, tu ne me tromperas plus! dit-il en s'éloignant, car il croyait avoir tué son ennemi.
- Quel méchant homme! s'écria petit Claus; c'est moi qu'il voulait tuer. Heureusement pour ma vieille nourrice qu'elle était déjà morte."
Il revêtit ensuite la vieille femme de ses habits de dimanche, emprunta un cheval à son voisin et l'attela à sa voiture. Puis il plaça la vieille sur le siège de derrière, de façon qu'elle ne pût tomber, et il traversa ainsi la forêt. Arrivé à une auberge, petit Claus s'arrêta pour demander quelque chose à manger.
L'aubergiste était un homme très-riche, bon diable au fond, mais emporté comme si son corps eût été rempli de poivre et de tabac.
"Bonjour! dit-il à petit Claus; comme tu es endimanché aujourd'hui!
- Oui, répondit Claus en descendant; je vais conduire ma vieille nourrice à la ville. Apporte-lui un verre d'hydromel pour se rafraîchir, et parle-lui bien haut, car elle n'entend presque pas.
- Je n'y manquerai pas, dit l'aubergiste; et il alla verser un grand verre d'hydromel, qu'il porta à la vieille dans la voiture.
"Voici un verre d'hydromel," cria-t-il à la femme morte; mais elle ne bougea pas.
"Est-ce que vous ne m'entendez pas? cria-t-il de toutes ses forces; voici un verre d'hydromel de la part de votre maître."
Mais il avait beau s'épuiser à crier, la vieille ne bougeait pas. Alors, emporté par la colère, il lui jeta le verre à la figure avec une telle violence, qu'elle tomba en arrière dans la voiture n'étant retenue par aucune attache.
En ce moment, petit Claus survint. "Mille malheurs! s'écria-t-il en empoignant l'aubergiste par la poitrine, tu as tué ma nourrice, regarde le trou que tu lui as fait au front.
- Oui! malheur à moi! répondit l'aubergiste en tordant ses mains, j'ai encore une fois cédé à mon emportement. Mon cher petit Claus, je te remplirai un boisseau d'argent, et je ferai enterrer ta nourrice comme si elle était ma mère, si tu veux ne pas me trahir. Le bourreau me couperait la tête que tu n'en serais pas plus avancé, et cela me ferait beaucoup de mal, à moi."
Claus accepta, reçut un troisième boisseau d'argent, et chargea l'aubergiste de l'enterrement.
Revenu chez lui, il envoya un garçon chez grand Claus pour lui emprunter un boisseau vide.
"Qu'est-ce à dire? s'écria celui-ci; je ne l'ai donc pas tué! Il faut que je le voie moi-même." Et il se rendit aussitôt auprès de petit Claus avec le boisseau.
Comme il ouvrit de grands yeux en apercevant tout cet argent! "Comment as-tu gagné ce trésor? demanda-t-il.
- Tu as tué ma nourrice à ma place; j'ai vendu son corps, et l'on m'en a donné un boisseau d'argent.
- C'est un bon prix!" dit grand Claus. Puis il se dépêcha de rentrer chez lui, prit une hache et tua sa vieille nourrice. Ensuite il la plaça dans sa voiture, partit pour la ville, et demanda à l'apothicaire s'il voulait acheter un cadavre.
"Voyons, répondit l'apothicaire; mais d'abord dis-moi d'où tu le tiens.
- C'est ma nourrice que j'ai tuée pour la vendre un boisseau d'argent.
- Grand Dieu! es-tu fou de dire de pareilles choses, au risque de te faire couper la tête?" Mais ayant appris la vérité, il fit comprendre au méchant homme toute l'horreur de sa conduite et la peine qu'il avait méritée. Là-dessus, grand Claus effrayé sauta dans sa voiture, fouetta les chevaux et s'en retourna au galop. Tout le monde le croyait fou.
"Je me vengerai! s'écria-t-il sur la grande route, je me vengerai de petit Claus!" Et, dès qu'il fut rentré, il prit un grand sac, alla chez petit Claus et lui dit: "J'ai été ta dupe une seconde fois! Après avoir abattu mes quatre chevaux, j'ai tué ma nourrice; toi seul es cause de tout le mal, mais tu ne me tromperas plus." Puis, il saisit petit Claus par le milieu du corps, le fourra dans le sac, et le jeta sur ses épaules en disant: "Je m'en vais te noyer!"
Le chemin jusqu'à la rivière était long, et petit Claus lourd à porter: c'est pourquoi le meurtrier entra dans un cabaret pour se rafraîchir, laissant le sac derrière la maison, où personne ne passait.
« Hélas! hélas!" soupira petit Claus dans le sac se tournant et se retournant; mais il ne put arriver à délier la corde. Par hasard, une vache, échappée de la prairie se sauva de ce côté, et un vieux berger courut à sa poursuite pour lui faire rejoindre son troupeau. Voyant le sac qui remuait, il s'arrêta. « Qui est là? s'écria-t-il.
- Un pauvre jeune homme qui doit tout à l'heure entrer au paradis.
- Tu es bien dégoûté! Moi, pauvre vieillard, je serais bien content d'y entrer le plus tôt possible.
- Et bien! mon brave, ouvre le sac et mets-toi à ma place; bientôt tu y seras.
- De tout mon cœur! dit le vieux berger en ouvrant le sac pour faire sortir le petit Claus. « Mais me promets-tu de garder mon troupeau? »
« Certainement!" Et le vieillard entra dans le sac, que petit Claus referma. Après cela, Claus réunit tout le bétail, et s'en alla en le poussant devant lui.
Quelques moments après grand Claus sortit du cabaret et remit le sac sur son dos. Il le trouva bien léger, car le vieux maigre berger pesait bien moins que petit Claus. "C'est l'eau-de-vie qui m'a donné des forces, dit-il, tant mieux." Et arrivé à la rivière, il y jeta le berger en criant: "Maintenant tu ne me tromperas plus!"
Puis il prit le chemin de sa maison; mais, à l'endroit où les routes se croisaient, il rencontra petit Claus poussant devant lui un troupeau de bétail.
"Quoi! s'écria grand Claus, ne t'ai-je pas noyé?
- Si! tu m'as jeté dans la rivière, il y a une demi-heure.
- Et d'où te vient ce beau troupeau de bétail?
- C'est du bétail de la mer! Je vais tout te raconter, en te remerciant d'abord de m'avoir noyé; car maintenant je suis riche pour jamais, comme tu le vois. Enfermé dans le sac, je frémissais de peur; et le vent me sifflait autour des oreilles, lorsque tu me jetas dans l'eau froide. J'allai immédiatement au fond, mais sans me faire de mal, vu qu'il y pousse une longue herbe moelleuse. Bientôt le sac fut ouvert, et une charmante demoiselle, habillée de blanc, portant une couronne de verdure sur la tête, me prit la main en me disant: "Je t'ai attendu, mon petit Claus; regarde quel joli cadeau je vais te faire." Et elle me montra un troupeau de bétail. Je la remerciai bien poliment, en la priant de me montrer le chemin pour retourner à terre; ce qu'elle fit avec la plus grande amabilité. Vois-tu, grand Claus, la rivière n'est pour le peuple de la mer qu'une grande route bordée de beaux arbres, de champs verdoyants et de fleurs parfumées. Je sentais les poissons nager autour de ma tête, comme les oiseaux volent dans l'air; partout dans les vallées paissait un bétail gras et magnifique. Bientôt j'arrivai avec mon troupeau à une montée qui menait à terre, et me voici!
- Tu as bien de la chance! dit grand Claus; crois-tu que moi aussi j'aurai un troupeau de bétail, si je vais au fond de la rivière?
- Sans doute, mais je ne pourrai te porter dans le sac jusque-là, tu es trop lourd: si tu veux y aller et te fourrer dans le sac après, je t'y pousserai volontiers.
- Tu es un bon garçon, petit Claus; mais rappelle-toi bien que, si je ne reviens pas avec un troupeau de bétail de la mer, je t'administrerai une bonne volée de coups de bâton.
- Il n'y a pas de danger," répondit petit Claus; et ils se mirent en route. Lorsque les bêtes, qui avaient soif, aperçurent l'eau, elles coururent de toutes leurs forces pour boire.
"Regarde comme elles se dépêchent, dit petit Claus; il leur tarde de retourner au fond.
- Allons, vite! aide-moi, répondit grand Claus en entrant dans le sac; et, pour plus de sûreté, ajoute une grosse pierre; sans cela, je risquerais peut-être de ne pas arriver au fond.
- Sois tranquille! dit petit Claus, tu y arriveras." Cependant il y ajouta une énorme pierre, ficela le sac, et le poussa dans la rivière. Ploum! voilà grand Claus qui tombe au fond.
"J'ai bien peur qu'il n'y rencontre pas la demoiselle au bétail," dit petit Claus; puis il reconduisit son troupeau sur la grande route, et revint bien content chez lui.
C'erano una volta in un villaggio due uomini con lo stesso nome, entrambi si chiamavano Claus, ma uno possedeva quattro cavalli, l'altro ne possedeva solo uno, quindi, per poterli distinguere, quello coi quattro cavalli veniva chiamato grande Claus e quello che aveva solo un cavallo piccolo Claus. Adesso sentiamo come se la passavano, perché questa è una storia vera.
Per tutta la settimana il piccolo Claus doveva arare il campo del grande Claus e gli prestava il suo unico cavallo, poi il grande Claus lo aiutava con i suoi quattro cavalli, ma questo avveniva solo una volta alla settimana e precisamente di domenica. Hup! Come agitava il piccolo Claus la frusta sui cinque cavalli; quel giorno era come se fossero tutti suoi! Il sole splendeva così bello e le campane della chiesa suonavano a festa, la gente era ben vestita e si avviava col libro dei salmi sottobraccio per sentire la predica del pastore e vedeva il piccolo Claus che arava con i cinque cavalli e era così contento che agitava la frusta gridando: "Hup, cavalli miei!"
"Questo non lo devi dire" gli disse il grande Claus "perché solo uno del cavalli è tuo."
Ma passò ancora qualcuno che andava in chiesa, e il piccolo Claus dimenticò che non doveva dirlo e gridò ancora: "Hup cavalli miei!"
"Ti chiedo di smetterla" gli disse il grande Claus. "Se lo dici ancora una volta, colpisco il tuo cavallo alla fronte così che cada morto all'istante: almeno è finita con lui."
"Non lo dirò più" replicò il piccolo Claus, ma quando passò dell'altra gente che lo salutò, fu molto contento al pensiero che era così evidente che possedeva cinque cavalli per arare il campo; quindi agitò la frusta e gridò. "Hup, cavalli miei!."
"Li incito io i tuoi cavalli" disse il grande Claus e prese il maglio e colpì sulla fronte l'unico cavallo del piccolo Claus, che cadde a terra morto.
"Ahimè, adesso non ho più cavalli!" esclamò il piccolo Claus e cominciò a piangere. Poi spellò il cavallo, prese la pelle, la lasciò seccare al vento, la mise in un sacco che si gettò sulle spalle e andò in città per vendere la pelle del suo cavallo.
La strada da percorrere era molto lunga, si doveva attraversare un enorme bosco buio e improvvisamente venne brutto tempo; il piccolo Claus vagò per qualche tempo e quando finalmente ritrovò la strada giusta era già sera e si trovava troppo lontano sia per arrivare in città, sia per tornare a casa prima che venisse la notte.
Vicino alla strada c'era una grande casa di campagna, le persiane erano chiuse, ma la luce filtrava fuori. "Avrò sicuramente il permesso di passare la notte qui" pensò il piccolo Claus, e andò a bussare.
La padrona di casa aprì la porta, ma una volta saputo cosa voleva, disse che se ne doveva andare, perché suo marito non era in casa e lei non poteva ospitare sconosciuti.
"D'accordo, allora mi sdraierò qui fuori" disse il piccolo Claus, e la donna gli chiuse la porta in faccia.
Lì vicino c'era un grande mucchio di fieno e tra questo e la casa avevano fatto un deposito con un tetto di paglia.
"Posso sdraiarmi lassù" pensò il piccolo Claus quando vide il tetto "è un ottimo letto, purché la cicogna non venga a beccarmi le gambe." Infatti c'era una cicogna col suo nido proprio sopra il tetto.
Così il piccolo Claus si arrampicò sul tetto, si sdraiò e si girò per stare proprio comodo. Le persiane davanti alle finestre non coprivano la parte più alta, così egli poteva vedere nel soggiorno.
C'era un grande tavolo apparecchiato con vino e arrosto e con uno splendido pesce, la padrona di casa e il sacrestano sedevano a tavola, e non c'era nessun altro; la donna gli riempiva il bicchiere e lui si serviva il pesce, perché era una pietanza che gli piaceva molto.
"Beato chi lo può mangiare!" pensò il piccolo Claus e avvicinò la testa alla finestra. Dio mio, che meravigliosa torta riusciva a vedere lì dentro! Sì, era una bontà!
Sentì che qualcuno cavalcava lungo la strada maestra verso la casa, era il marito della donna che tornava.
Era un ottimo uomo, ma aveva un terribile difetto: non poteva sopportare la vista dei sacrestani. Se un sacrestano gli si presentava davanti, diventava furibondo. E proprio per questo il sacrestano era andato a salutare la donna perché sapeva che il marito non era in casa, e la brava donna aveva preparato tutto il cibo migliore per lui. Ma ora, sentendo che l'uomo stava rientrando, si spaventarono e la donna pregò il sacrestano di nascondersi in una grande cesta vuota che era lì in un angolo, e il sacrestano si nascose perché sapeva che quel pover'uomo non sopportava i sacrestani.
La donna nascose tutto quel buon cibo e il vino nel forno, perché se il marito lo avesse visto avrebbe naturalmente chiesto per quale motivo l'aveva preparato.
"Che peccato!" sospirò il piccolo Claus dal tetto, quando vide che tutto il cibo veniva portato via.
"C'è qualcuno lassù?" chiese il contadino e guardò verso il piccolo Claus. "Perché stai li sdraiato? Vieni piuttosto in salotto."
Così il piccolo Claus raccontò come si era perso e gli chiese se poteva restare lì per la notte.
"Certamente" disse il contadino "ma prima dobbiamo mangiare qualcosa."
La donna accolse con gioia i due, apparecchiò la tavola e offrì un grande piatto di farinata. Il contadino era molto affamato e mangiò con appetito, ma il piccolo Claus non poteva fare a meno di pensare al delizioso arrosto, al pesce e alla torta che si trovavano nel forno.
Sotto il tavolo, vicino ai suoi piedi, aveva messo il sacco con la pelle del cavallo; ricordate che stava andando in paese a venderla? La farinata non gli piaceva affatto, così mosse il sacco e la pelle secca scricchiolò forte.
"Ssst!" disse il piccolo Claus al suo sacco, ma nello stesso momento lo colpì più forte e quindi questo scricchiolò più di prima.
"Ah, che cosa hai in quel sacco?" gli chiese il contadino.
"Oh, è un mago" disse il piccolo Claus "dice che non dovremmo mangiare la farinata, perché ha compiuto una magia e il forno ora è pieno di arrosto, pesce e torta." - "Cosa?" chiese il contadino e aprì immediatamente il forno, dove poté vedere tutto quel buon cibo che la moglie aveva nascosto, ma che lui credeva fosse stato magicamente portato dal mago. La donna non poté dire nulla, ma portò il cibo in tavola e così mangiarono pesce, arrosto e torta. Il piccolo Claus colpì di nuovo il sacco e la pelle scricchiolò.
"Che cosa dice adesso?" chiese il contadino.
"Dice" rispose il piccolo Claus "che ha anche preparato tre bottiglie di vino per noi e che si trovano nel forno." Così la donna dovette tirar fuori il vino che aveva nascosto e il contadino bevve e divenne molto allegro, certo gli sarebbe proprio piaciuto possedere un mago come quello che il piccolo Claus aveva nel sacco.
"Può anche far comparire il diavolo?" chiese il contadino "mi piacerebbe proprio vederlo, ora che sono così allegro!"
"Sì" disse il piccolo Claus "il mio mago può fare tutto quello che io gli chiedo. Non è vero? Tu!" chiese, e colpì il sacco finché non scricchiolò. "Senti che dice di sì? Ma il diavolo è così brutto che non vale la pena di vederlo."
"Oh, non ho affatto paura; e quale sarebbe il suo aspetto?"
"Ah, apparirebbe esattamente come un sacrestano!"
"Uh!" disse il contadino "è proprio brutto! Dovete sapere che io non sopporto la vista dei sacrestani. Ma ora non fa niente, so che è il diavolo e quindi mi sento già meglio. Adesso ho il coraggio; ma non mi deve venire troppo vicino."
"Allora provo a sentire il mago" disse il piccolo Claus, colpì il sacco e tese l'orecchio.
"Che cosa dice?"
"Dice che potete andare a aprire quel baule che c'è nell'angolo, lì dentro troverete il diavolo che sta ammuffendo, ma dovete tenere il coperchio, affinché non scappi fuori."
"Dovete aiutarmi voi a tenerlo" disse il contadino, e andò verso il baule, dove la moglie aveva nascosto il vero sacrestano, che ora stava morendo dl paura.
Il contadino sollevò un po' il coperchio e guardò dentro: "Uh!" gridò, e fece un balzo indietro. "Sì, l'ho visto, ha proprio l'aspetto del nostro sacrestano – che spavento!"
Dovettero berci sopra e così bevvero tutta la notte.
"Adesso mi devi vendere il tuo mago" disse il contadino "chiedimi in cambio tutto quello che vuoi. Ah sì, ti do immediatamente un sacco pieno di denaro."
"No, non posso assolutamente; pensa quanti vantaggi posso avere da questo mago."
"Ma io desidererei moltissimo averlo" disse il contadino e continuò a pregarlo.
"Va bene" acconsentì alla fine il piccolo Claus. "Tu sei stato così gentile a ospitarmi questa notte, e io te lo cedo. Avrai il mago per un sacco di denaro, ma il sacco dev'essere pieno fino all'orlo."
"È quello che avrai" disse il contadino "ma devi portarti via anche il baule, perché non lo voglio avere qui un minuto di più; non si sa mai, se è ancora dentro!"
Il piccolo Claus diede il sacco con la pelle secca al contadino e ricevette in cambio un sacco stracolmo di denaro. Il contadino gli donò anche una grande carriola per trasportare il baule e il denaro.
"Addio!" disse il piccolo Claus, e se ne andò col denaro e il baule in cui c'era ancora il sacrestano.
Dall'altra parte del bosco c'era un grande e profondo torrente, l'acqua scorreva così forte che uno a malapena avrebbe potuto nuotare controcorrente; avevano costruito un nuovo grande ponte e il piccolo Claus si fermò proprio nel mezzo e disse a voce ben alta, affinché il sacrestano potesse sentirlo dal baule:
"E no! Che cosa ne faccio di questo inutile baule? Pesa tanto che è come se fosse pieno di pietre; mi stancherei troppo a trascinarmelo ancora dietro; quindi è meglio che lo butti nel torrente. Se viene trasportato a casa mia tanto di guadagnato, altrimenti non ci perdo nulla."
Così afferrò il baule con una mano e lo sollevò un po', come se volesse gettarlo in acqua.
"No, lascia stare!" gridò il sacrestano dal baule "fammi uscire!"
"Uh!" disse il piccolo Claus, fingendo di aver paura. "È ancora nel baule! allora è meglio che lo butti subito nel torrente, così annegherà."
"Oh no! Oh no!" urlò il sacrestano. "Se mi lasci andare, ti darò un sacco pieno di denaro!"
"Ah, allora è un'altra cosa!" disse il piccolo Claus e aprì il baule. Il sacrestano uscì subito e gettò il baule vuoto in acqua e se ne andò a casa sua, dove il piccolo Claus ricevette un sacco pieno di denaro. Uno l'aveva già avuto dal contadino e ora aveva la carriola piena di denari!
"Visto, il cavallo me l'han pagato proprio bene!" disse a se stesso il piccolo Claus quando arrivò a casa sua e fece di tutti i soldi un grande mucchio in mezzo al pavimento. "Certo il grande Claus si arrabbierebbe molto venendo a sapere quanto sono diventato ricco col mio unico cavallo, ma non mi va di andare a dirgli la verità."
Così mandò un ragazzo dal grande Claus per farsi prestare un misurino.
"Che cosa mai ci vuol fare!" pensò il grande Claus, e spalmò sul fondo del misurino un po' di catrame, affinché restasse appiccicato qualcosa di quello che veniva misurato. E fu proprio quello che accadde, e quando il grande Claus riebbe il misurino c'erano attaccate tre monete d'argento da otto scellini.
"E questo che significa?" disse il grande Claus, e si precipitò immediatamente dal piccolo Claus. "Da dove vengono tutti questi soldi?"
"Dalla pelle del mio cavallo, che ho venduto ieri sera."
"Certo che te l'hanno pagata bene!" esclamò il grande Claus; corse a casa, prese una scure e colpì a morte i suoi quattro cavalli, poi tolse la pelle e andò in città.
"Pelli, pelli! chi vuole comprare pelli?" gridava per le strade.
Tutti i calzolai e i conciatori corsero da lui per sapere quanto voleva per le pelli.
"Un sacco pieno di denari per ognuna."
"Sei matto?" dissero tutti "credi che abbiamo tanti denari?"
"Pelli, pelli! Chi vuol comprare pelli?" gridò di nuovo, ma a tutti coloro che chiedevano quanto costassero le pelli, rispondeva: "Un sacco di denari."
"Ci vuol prendere in giro" dissero tutti e così i calzolai presero le loro cinghie di cuoio e i conciatori i loro grembiuli di cuoio e cominciarono a picchiare il grande Claus.
"Pelli, pelli!" lo schernivano "te la diamo noi una pelle che ti si adatti! vattene dalla città!" gridarono, e il grande Claus dovette darsela a gambe a più non posso, perché non ne aveva mai prese tante.
"Ah" disse una volta giunto a casa "adesso il piccolo Claus la deve pagare, lo pesterò a morte per questo."
Ma al piccolo Claus era morta la nonna; in realtà era stata cattiva con lui, ma ne era comunque addolorato e prese la morta e la mise nel letto ben caldo, per vedere se non riusciva a resuscitare. Sarebbe rimasta lì tutta la notte, e lui si sedette in un angolo e dormì su una sedia, come aveva del resto già fatto altre volte.
Mentre dormiva, la porta si aprì e il grande Claus entrò con la sua scure: sapeva bene dov'era il letto del piccolo Claus, andò direttamente lì e colpì in fronte la nonna che era già morta, pensando che fosse il piccolo Claus.
"Ecco qua!" gridò "ora non mi prenderai più in giro!" e così se ne andò di nuovo.
"È proprio un uomo malvagio e cattivo!" disse il piccolo Claus "mi voleva colpire a morte; per fortuna la vecchia nonna era già morta, altrimenti l'avrebbe uccisa lui."
Vestì la nonna con gli abiti della festa, prese in prestito un cavallo dal vicino, lo attaccò al suo carro e mise la vecchia nonna sul sedile posteriore, perché non potesse cadere durante il viaggio; infine partirono passando per il bosco; quando il sole sorse, erano giunti a una locanda; lì si fermò il piccolo Claus e entrò per mangiare qualcosa.
L'oste aveva moltissimi soldi e era un brav'uomo, ma era iracondo, come se in lui ci fosse pepe e tabacco.
"Buon giorno" disse al piccolo Claus "hai avuto premura di indossare i vestiti belli oggi!"
"Sì" rispose il piccolo Claus "devo andare in città con la nonna, lei è rimasta sul carro, non vuole assolutamente entrare. Non volete portarle un bicchiere di idromele? Parlatele a voce alta, perché non ci sente molto bene."
"Certamente!" replicò l'oste e riempì un grande bicchiere di idromele, che portò fuori alla nonna morta che stava sulla carrozza.
"Qui c'è un bicchiere di idromele da parte di vostro nipote!" disse l'oste, ma la morta non disse neanche una parola.
"Non sentite?" gridò l'oste più che poté. "Ecco dell'idromele da parte di vostro nipote!"
Di nuovo gridò lo stesso e poi ancora, ma dato che lei non si muoveva affatto, si arrabbiò e le gettò il bicchiere in faccia, così che l'idromele le si versò sul naso e lei cadde riversa nel carro, perché non era stata legata saldamente.
"Come!" gridò il piccolo Claus, si precipitò fuori e afferrò l'oste: "Hai ucciso mia nonna! Guarda che grande buco ha sulla fronte!."
"Oh, è stata una disgrazia!" gridò l'oste e congiunse le mani. "È tutta colpa del mio caratteraccio! Povero piccolo Claus; ti darò un sacco di denaro e farò seppellire tua nonna come se fosse la mia, ma tu non devi dirlo a nessuno, perché altrimenti mi taglieranno la testa, e l'idea è così disgustosa!"
Così il piccolo Claus ebbe un sacco di denari e l'oste seppellì la vecchia nonna come se fosse stata la sua.
Non appena il piccolo Claus fu a casa con tutti quei soldi, mandò un ragazzo dal grande Claus, per farsi prestare il misurino .
"Come?" esclamò il grande Claus "non l'avevo colpito a morte? Devo andare io stesso a controllare!" e così si recò dal piccolo Claus col misurino.
"E dove hai ottenuto tutti questi soldi?" gli chiese, e sgranò gli occhi quando vide quanti altri soldi c'erano!
"Tu hai ucciso mia nonna e non me!" disse il piccolo Claus. "Ora l'ho venduta e ne ho ricavato un sacco di denari."
"Ne vale proprio la pena!" disse il grande Claus; si affrettò a casa, prese la scure e uccise la nonna, poi la mise sul carro e andò in città a casa del farmacista e chiese se voleva comprare un cadavere.
"Chi è e da dove arriva?" chiese il farmacista.
"È mia nonna" rispose il grande Claus "l'ho uccisa per un sacco di denari."
"Dio ci salvi!" disse il farmacista. "Voi parlate troppo! Non dite una cosa simile, altrimenti perderete la testa!" e poi gli spiegò quale cosa terribile aveva commesso e che uomo cattivo era e che doveva essere punito; ma il grande Claus si impressionò talmente che saltò sul carro, frustò i cavalli e volò a casa.
Il farmacista e gli altri credevano che fosse matto e lo lasciarono andare dove pareva a lui.
"Me la pagherai!" disse il grande Claus una volta raggiunta la strada maestra. "Sì, me la dovrai pagare, piccolo Claus!" e non appena fu a casa prese il sacco più grande che aveva, si recò dal piccolo Claus e gli disse: "Mi hai preso in giro un'altra volta. Prima ho ucciso i miei cavalli, poi mia nonna e tutto per colpa tua, ma non mi ingannerai mai più!" e così lo prese per la cintola e lo cacciò nel sacco, se lo mise sulle spalle e gli gridò: "Adesso ti affogo."
C'era un bel pezzo di strada prima di arrivare al torrente e il piccolo Claus non era tanto leggero da portare. La strada passava vicino alla chiesa, l'organo suonava e la gente cantava proprio bene, lì dentro; così il grande Claus appoggiò il sacco col piccolo Claus vicino all'ingresso della chiesa e pensò che era una buona cosa andare a sentire un salmo prima di proseguire. Il piccolo Claus non poteva certo fuggire e tutta la gente era in chiesa. Cosi entrò anche lui.
"Ah, ah!" gemeva il piccolo Claus chiuso nel sacco; continuava a rigirarsi, ma gli era impossibile sciogliere il nodo che lo legava.
In quel mentre passò di lì un vecchio mandriano con i capelli bianchi come il gesso e un grosso bastone tra le mani, guidava una grande mandria di mucche e tori che, passando sul sacco dove il piccolo Claus era rinchiuso, lo rovesciarono.
"Ah" gemette il piccolo Claus "sono così giovane e già devo andare in cielo!"
"Oh, povero me!" disse il mandriano "io invece sono così vecchio, ma ugualmente non posso andarci ancora."
"Apri il sacco" gridò il piccolo Claus "mettiti qui al mio posto e sarai subito in cielo."
"Certo che mi piacerebbe molto" disse il mandriano e liberò il piccolo Claus che saltò fuori dal sacco.
"Ci pensi tu alla mandria?" chiese il vecchio, e entrò nel sacco che il piccolo Claus legò di nuovo, poi il piccolo Claus se ne andò con le mucche e i tori.
Poco dopo uscì dalla chiesa il grande Claus e si mise il sacco sulla schiena; sentì che il sacco era più leggero, perché il mandriano pesava la metà del piccolo Claus. "Com'è leggero ora! forse perché ho sentito un salmo!" e così arrivò al torrente che era grande e profondo, e vi gettò il sacco col vecchio mandriano gridando: "Visto? ora non potrai più ingannarmi!"; pensava che dentro ci fosse il piccolo Claus.
Poi se ne tornò a casa, ma quando giunse a un crocicchio, incontrò il piccolo Claus che stava guidando la mandria.
"Ma come?" disse il grande Claus. "Non ti avevo affogato?"
"Sì. Mi hai gettato nel torrente, ma era mezz'ora fa."
"E dove hai ottenuto quella splendida mandria?" gli chiese il grande Claus.
"È una mandria di mare!" spiegò il piccolo Claus. "Ora ti racconto com'è andata. E grazie a te, che mi hai annegato, adesso sto proprio bene, sono ricco, e lo puoi credere! Avevo molta paura, là nel sacco, e il vento mi fischiava nelle orecchie quando tu mi gettasti giù dal ponte nell'acqua gelida. Raggiunsi subito il fondo; ma non mi feci nulla, perché laggiù cresce l'erba più tenera. Vi caddi sopra e subito il sacco venne aperto, e la più graziosa delle creature, vestita di bianco con una corona verde sui capelli bagnati, mi prese per mano e mi disse: "Sei qui, piccolo Claus? Ora hai per la prima volta una mandria! e un miglio più in su ce n'è un'altra che io ti voglio donare." Allora vidi che per la gente del mare il torrente era la strada maestra. Sul fondo andavano a piedi o in carrozza dal mare fino a dove il torrente finisce. Era così bello con i fiori e l'erba freschissima, e i pesci che nuotavano nell'acqua mi sfioravano le orecchie come fanno gli uccelli nell'aria. Che gente simpatica e quanto bestiame camminava lungo le siepi e i fossi!"
"Ma perché allora te ne sei tornato quassù?" gli chiese il grande Claus. "Io non l'avrei fatto se laggiù fosse stato così bello!"
"Sì" rispose il piccolo Claus "ma sono stato furbo. Tu hai sentito quello che ti ho detto: la ragazza del mare disse che un miglio più su – dunque lungo il torrente, perché lei non può arrivare da altre parti – c'è un'altra mandria per me. Ma io so che il torrente è pieno di insenature, una qui, una là, è tutto un lungo giro, quindi è più veloce, quando si può fare, tornare sulla terra e attraversare il torrente; in questo modo risparmio quasi mezzo miglio e arrivo più in fretta alla mia mandria di mare."
"Come sei fortunato!" disse il grande Claus. "Credi che anch'io avrei una mandria di mare, se arrivassi sul fondo del torrente?"
"Sì, credo di sì, ma io non riesco a portarti nel sacco fino al torrente, sei troppo pesante per me; se vai fin là da solo e poi ti infili nel sacco, ti butterò giù io con grande piacere."
"Grazie infinite!" disse il grande Claus. "Ma se poi non avrò la mia mandria di mare, una volta giù, allora te ne buscherai tante! Ne puoi star certo."
"Oh, no! non essere così cattivo!" e così andarono al torrente. E la mandria, che era assetata, non appena vide l'acqua corse più che poté per avere da bere.
"Vedi come si affrettano?" disse il piccolo Claus. "Non vedono l'ora di raggiungere il fondo di nuovo."
"Sì, ma ora aiutami, altrimenti ti pesto!" e così si infilò nel grande sacco che si trovava sulla schiena di un toro. "Mettici dentro anche una pietra, così sono sicuro di annegare."
"Va bene così" rispose il piccolo Claus, ma mise ugualmente una grande pietra nel sacco, lo legò bene e diede una spinta: plump! il grande Claus cadde nel torrente e raggiunse subito il fondo.
"Temo proprio che non troverà mandrie!" esclamò il piccolo Claus, e si avviò verso casa con quello che aveva.